Les Paraboles De Dom Guy Poem Rhyme Scheme and Analysis

Rhyme Scheme: AABBCCDDEFBB AA BBBBBBBBAA GGHHHHBBBBDDBBBBDDBB BB BBBBBBBBCCBBII F HHIIBBCCBBHHBBAA BBAAHHDDDDHHDJDDDDII II CCKKIA BBCCLLAABBBBCCBBBBAA GG DD BBDDDDBB F BBAADDBBBBAAGGBBBBAA DDAALLCCBBBB BBCCBBDDL LBBBBDDAAAABBDDDD DDGGDDAADD DDDDBBBB F BBBBBBBBBBAAAABB BBCCAADDDDAMDDDDBBDD BBCCAAD DBBGDBB DDGGAABBBBAADDGGBBDD DDDDAA I CCBBBBBBDDBBAABBBBLN LLBBBBAADDBBAAAAAAII CCDAAAAACCBBCCAABBBB BBAADD BBAAAMCCNA C CCAABBBBAABBBBDDBB AABBBBCC DDBBBBBBMMBBAACCBBDD BBDDAAII OOBBBBBBAABBBBIIBB CCCC I BBBBDDDDDDBBBBBBDDBB BBCCDDAADDAABBBBBBCC DDBB GGDDBBBBBBBBCCAABBAD BBCCDDBBBBDD I DDCCBBAABBBBBBBBBBBB DDBBDDBBBBCCAAAABBBB CC AABBBBCCAADDAAAABB DDKKKKBBBBDDBBAA BBAAAABBAAAABBDDAA AAAAAAAABBAA AADDAABBBBBBDDMM BBBBAADDDDAADD

En l'An mil quatre cent onzi me de l'HostieA
ternelle de qui la lumi re est sortieA
Du Roi Christ mort clou par les pieds et les mainsB
Sigismund de Hongrie tant chef des RomainsB
Manoel d'Orient Charles que Dieu soutienneC
Des trois fleurs de lys d'or de la Gaule chr tienneC
Et Balthazar Cossa pirate sur la merD
tant diacre du Diable et l gat de l'EnferD
Moi Guy prieur claustral en la bonne abbayeE
De Clairvaux o la r gle troite est ob ieF
J'inscris Dieu le voulant ceci pour tre suB
Du si cle tr s pervers dans le p ch con uB
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Clairs flambeaux qu'en chemin il de l' me regardeA
Saints Martyrs prenez moi d'en haut sous votre gardeA
-
De la B atitude auguste o je vous voisB
Mettez votre candeur h ro que en ma voixB
De l' blouissement de vos joyeux domainesB
Penchez vous au plus noir des t n bres humainesB
Voyageurs du beau ciel Anges et S raphinsB
Qui nagez richement dans vos gloires d'ors finsB
Et faites sur ma langue au vent frais de vos ailesB
P tiller et flamber le feu des meilleurs z lesB
Puis veuille m'assister le divin ParacletA
Par qui l'humble ignorant mieux qu'un docte parlaitA
-
mon Seigneur J sus et madame la ViergeG
Plus d'huile dans la lampe et plus de m che au ciergeG
La moisissure mord le v lin du misselH
Et tout soleil m rit le mal universelH
Depuis que divisant la Chaire principaleH
Trois cornes ont pouss sur la mitre papaleH
Trois rameaux fort malsains de malice nourrisB
Florissants au dehors mais au dedans pourrisB
De sorte que voyant par le temps et l'espaceB
Sous cette ombre la fleur de la foi qui tr passeB
La charit d cro tre et l'espoir s'engloutirD
Le rocher du salut Pierre prince et martyrD
Pleure La route est vide o s'en venaient les mesB
Toutes cuisent sit t la mort aux grandes flammesB
Et le Portier divin tant harcel jadisB
Laisse pendre les clefs aux gonds du ParadisB
Certes sa peine est forte et rude est sa navrureD
De n'ou r plus chanter la c leste SerrureD
Ce pendant qu'Astaroth et Mammon tr s contentsB
Ouvrent la flamboyante issue deux battantsB
Et que la crosse au poing dans les Ob diencesB
Le Prince des damn s donne ses audiencesB
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Or Ca phe et Pilate ont tant riv tes clousB
J sus Que tes agneaux sont mang s par les loupsB
L' glise est moribonde en son chef et ses membresB
Les moutiers sont du Feu sans fin les antichambresB
Les rois sont fort mauvais les gens d'armes pillardsB
Sans piti des enfants sans respect des vieillardsB
Luxurieux mettant mal toutes les femmesB
Et dans les vases saints buvant les vins inf mesB
Puisque aussi bien J sus ta terrestre maisonC
Est un lieu de blasph me et non plus d'oraisonC
Puisqu'en cet ge sombre et tenace o nous sommesB
Ton ineffable sang est perdu pour les hommesB
mon Seigneur m'ayant de ta gr ce pourvuI
Tu m'as dit Vois Et dis ce que tes yeux ont vuI
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IF
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L'Esprit a d li mon entrave charnelleH
J'ai franchi les hauteurs du monde sur son aileH
Par les noirs tourbillons de l'ombre j'ai graviI
Les trois sph res du ciel o saint Paul fut raviI
Et de l regardant au travers des nu esB
Les cimes de la terre en bas diminu esB
J'ai vu par il per ant de cette visionC
L'empire d'Augustus et l'antique SionC
Et dans l'immense nuit de ces temps nuit paisseB
O s'ensevelissait toute l'humaine esp ceB
Comme un agonisant qui hurle en son linceulH
J'ai vu luire un rayon blouissant un seulH
Et c' tait entre l' ne et le boeuf leur cr cheB
Un enfant nouveau n sur de la paille fra cheB
Chair neuve me sans t che et dans leur puretA
tant comme un ar me et comme une clartA
-
Le P re barbe grise et la M re joyeuseB
Saluaient dans leur coeur cette aube radieuseB
Ce matin d'innocence apr s la vieille nuitA
Apaisant ce qui gronde et charmant ce qui nuitA
Cette lumi re peine close et d'o ruisselleH
L'imp rissable Vie avec chaque tincelleH
Et les Bergers tendaient la t te pour mieux voirD
Et j'ai soudainement ou par le ciel noirD
Tandis que les rumeurs d'en bas semblaient se taireD
Une voix dont le son s' pandit sur la terreD
Mais douce et calme et qui disait Emmano lH
Et l'espace et le temps chantaient No l No lH
Puis comme les trois Rois survenus de PalmyreD
Offraient au bel Enfant l'encens l'or et la myrrheJ
J'ai vu toute ma chair tant bl me d'effroiD
Plus sombre que la nuit et plus haut qu'un beffroiD
Un Esprit un D mon formidable appara treD
En face du petit J sus venant de na treD
Et ses yeux reluisaient fixement dans son chefI
Les Bergers ni les Rois ni le bon saint JosephI
Ni madame Marie en son amour berc eI
Ne voyaient cette forme au milieu d'eux dress eI
-
Cet Esprit tait beau comme un grand mont chenuC
Une foudre grondait autour de son front nuC
Il tait impassible et dur et sur sa boucheK
Si geaient l'amer m pris et le vouloir faroucheK
Il secoua sa t te o cr pita le feuI
Et parla comme suit sans vergogne son DieuA
-
Les si cles ont tenu les vieilles proph tiesB
Donc te voici vivant entre tous les MessiesB
Toi qui mettras Juda sur Ninive et SidonC
C'est piti de te voir en si pi tre abandonC
Ton tr ne est de fumier ton palais est de chaumeL
Et le roi certe est trop ch tif pour le royaumeL
coute J'ai nom Force et j'ai nom VolontA
Ma main tient le licou de l'univers domptA
Je suis tr s grand tr s fier et plein d'intelligenceB
Et tout est devant moi comme une vile engeanceB
Or je te plains tant plus gr le qu'un roseauB
Sans d fense et tout nu comme un petit oiseauB
Et je pourrais du pied t' crasant forme vaineC
puiser brusquement tout le sang de ta veineC
Adore moi f tu de paille Et tu serasB
Comme un c dre immobile avec de larges brasB
Dans leur germe touffant les arbres et les plantesB
Et versant l'ombre immense aux nations tremblantesB
Et le petit enfant Emmano l lui ditA
Tu ne tenteras point le seigneur Dieu mauditA
Ta puissance est fum e et ta force est mensongeG
Et j'ai mieux les trois Clous et la Lance et l' pongeG
-
Le Spectre ceint de flamme en entendant celaD
Comme une haute tour dans l'ombre s' croulaD
-
Je vous le dis Beno t Gr goire et Jean vicairesB
De l'Ant christ gardiens des damn s reliquairesB
Mulets mitr s cross s malheur vous malheurD
Qui navrez le bercail tr s chr tien de douleurD
Triple d chirement de la Foi triple plaieD
Dont le troupeau dolent des saints Anges s'effraieD
Triple spectre d'Orgueil gare aux gouffres ardentsB
O sont les pleurs avec les grincements de dentsB
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IIF
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En Esprit j'ai plan du haut des cieux sans bornesB
Oyant les nations en tumultes ou mornesB
Bruit lugubre parfois et tant t irritA
Mais qui des profondeurs de cette obscuritA
Avait plainte sinistre ou clameur meurtri reD
Un vrai son de blasph me et jamais de pri reD
Et voici que j'ai vu la Ville o fut occisB
Le tyran Julius en son orgueil assisB
La grande Rome hormis l'antique populaceB
Des idoles dont Christ en croix tenait la placeB
J'ai vu bl me en haillons par la pluie et le ventA
Tout un peuple affam maigre peine vivantA
D'o sortait un sanglot d sesp r sauvageG
Comme en pousse la mer qui se rue au rivageG
Et ce peuple assi geait l'abord silencieuxB
D'un palais h riss d'un triple rang de pieuxB
De grilles et de crocs aigus et de muraillesB
Massives qu'enla ait un r seau de ferraillesB
Or la foule parfois se taisant coutaitA
Comme un sourd cliquetis qui de l'antre sortaitA
-
Sous le d me travers la vo te colossaleD
J'ai vu chose effroyable Au centre d'une salleD
clatante o br laient sept lampes au plafondA
Sur le pav de marbre accroupi comme fontA
Les b tes r lant d'aise un fils d'Adam un hommeL
Ou quel que soit le nom dont Belz buth le nommeL
Un tre abominable et rapace acharnC
Ivre de sa d bauche et il illuminC
Avec rage plongeant ses longues mains fl triesB
En des monceaux d'argent d'or et de pierreriesB
Qui sonnaient et luisaient pleins de flamboyementsB
En tombant de sa bouche et de ses v tementsB
-
Cet argent tait chaud de vos larmes am resB
Pauvres enfants tout nus et lamentables m resB
Il se nommait Tra trise et SpoliationC
Et c' tait nuit et jour une ex crationC
Qui montait au Vengeur des faits ill gitimesB
Cet or fumait du sang d'innombrables victimesB
Il se nommait Larcin la pointe du ferD
Meurtre qui va battant l' cume de la merD
Et guet apens du Diable l' quit supr meL
-
Mais fange m l e l'huile du saint chr meL
Ces anneaux ces colliers ces noeuds de diamantsB
Avaient nom Simonie inf me et Faux sermentsB
Et c' tait pis que pleurs et sang des mis rablesB
Car c' tait le trafic des deux Clefs adorablesB
Seigneur Christ qui bus l'hysope avec le fielD
C' tait ta chair divine l'encan et ton cielD
J sus Et tout autour de ce palais immondeA
Ceux qui souffraient taient les chr tiens de ce mondeA
C' tait le troupeau maigre et sept fois l'an tonduA
Dont le Berger rapace au Ma tre a r ponduA
Et que lui m me h las tant un loup f roceB
Sans rel che ext nue assomme avec la crosseB
trangle avec l' tole et suspend au plancherD
Le ventre tout b ant comme fait un boucherD
Et l'immense troupeau par la nuit lamentableD
En attendant J sus b lait vers ton tableD
-
Et voici que j'ai vu s'allongeant hors du murD
Comme une main qui va d tacher un fruit m rD
Une griffe rougie l'infernale forgeG
Saisir le Grippe sou monstrueux la gorgeG
Et l'emporter grouillant sifflant serrant encorD
D'un poing crisp du feu qu'il prenait pour de l'orD
Afin d' tre son tour d pec mis en venteA
Sur l' tal ternel d'horreur et d' pouvanteA
D bit membre membre et quartier par quartierD
Et toujours aussi vif que s'il tait entierD
-
toi qui tiens le Si ge avec la PentapoleD
V tu du pallium et la chappe l' pauleD
Bandit de terre et d'eau que le Diable a sacrD
Pour tre au grand soleil un blasph me mitrD
Puisqu'il faut pour ta soif que l'Oc an tarisseB
Je dis que l'Oc an est sec AvariceB
Et qu'au milieu de l'or sanglant qu'il entassaB
La Griffe est sur le cou de Balthazar CossaB
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IIIF
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L'Esprit m'a dit Regarde Un vol d'oiseaux fun bresB
Silencieux battait le flot lourd des t n bresB
Chauves souris hiboux guivres dragons volantsB
Ayant la face humaine avec les yeux dolentsB
Tels que Virgilius le disait des HarpiesB
Ils tournoyaient du fond des villes assoupiesB
Sortant par noirs essaims d mons l ches et laidsB
De la sainte abbaye autant que du palaisB
Ils avaient nom la Peur la Honte et la SottiseB
App tits emp ch s que l'impuissance attiseB
Ambition inepte et bl me VanitA
Attrait de faire mal avec impunitA
Rancune inexorable et Parole mentieA
Poison dans l'eau b nite et poison dans l'hostieA
Haine sans but Fureurs sans brides et sans morsB
Bave sur les vivants et bave sur les mortsB
-
Et voici que j'ai vu par les ombres nocturnesB
S'amasser en un bloc les Oiseaux taciturnesB
Se fondre troitement comme s'ils n' taient qu'unC
B te hideuse ayant la laideur de chacunC
Araign e avec dents et griffes toute verteA
Comme un Dragon du Nil et d' cume couverteA
cume de fureur muette et du plaisirD
De souiller pour autrui ce qu'on ne peut saisirD
Sa bouche en tait pleine et pleine sa paupi reD
Et ce venin mordait l'or et creusait la pierreD
Et quand il atteignait l'homme juste et puissantA
Il n'en restait qu'un peu de fange avec du sangM
Donc remuant la nuit de ses ailes sans nombreD
Cette B te r dait lugubrement dans l'ombreD
Or j'ai vu du couchant venir le FoudroyD
Qui devant le Seigneur son Dieu n'a point ployD
L'Archange porte flamme o s'allumaient les astresB
Dont les cieux autrefois ont pleur les d sastresB
Et qui vil et m chant l che impur et menteurD
De la race maudite horrible tourmenteurD
Dont la poix et le soufre enseignent les approchesB
R gne piteusement sur les pals et les brochesB
Il venait d'Aragon de Rome et d'AvignonC
Le noir Sire ayant pris Judas pour compagnonC
Et tenant par la peau du ventre IscharioteA
S'en retournait avec ce vieux compatrioteA
Et la B te au devant du Ma tre s'envolaD
-
Et j'ai vu l'Orient s'entr'ouvrir et voilD
Que trois Formes d'azur de lumi re et de gr ceB
Laissant trois fleuves d'or ruisseler sur leur traceB
Montaient d'un m me trait dans le ciel r jouiG
Sans voir le monstre terne et Satan blouiD
Et j'ai vu que c' taient en pure gloire galesB
Les trois Roses les trois Vertus th ologalesB
-
La B te dit sifflant de rage Par malheurD
Si haut je ne les puis atteindre Arrache leurD
Une aile Ma tre et prends les miennes en changeG
Aucune dit Satan n'en a n' tant point AngeG
Mais impalpable id e et divin sentimentA
Leurs yeux Arrache les Un oeil un seulementA
Et tu cr veras Ma tre apr s mes deux prunellesB
Nulle dit Satan n'a de visions charnellesB
Point d'ailes et point d'yeux ce sont pures clart sB
Va Laisse les monter par les immensit sB
De lumi re o leur Dieu se rit de ma d faiteA
Et de la destin e horrible qu'il m'a faiteA
Aussi bien qui pourrait les suivre au fond du cielD
Mais le monde est nous noyons le dans le fielD
C'est un gouffre plus s r que l'antique D lugeG
Et que l'homme n'ait plus que l'Enfer pour refugeG
Va Jean est chair du Diable et Gr goire est mauvaisB
Et Beno t fort t tu Donc rejoins les J'y vaisB
Dit la Chauve souris norme j'y vais Ma treD
Et je l'ai vue au fond de la nuit dispara treD
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Or l'Envie est en vous Pierre Ange et BalthazarD
Cramponn s aux haillons de pourpre o fut C sarD
Chacun rit d' tre nu s'il a d pouill l'autreD
Et sur les trois morceaux du si ge de l'Ap treD
Pr s de r tir avec un goupil infectA
Intrus vous aspergez le monde et la citA
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IVI
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L'Esprit par ses chemins m'a men d'une haleineC
Sur une masse noire et bourdonnante pleineC
De vapeurs o dormait un fleuve entre des joncsB
D'aiguilles h riss e et de tours de donjonsB
D'enclos tout cr nel s comme des citadellesB
Et de vols carnassiers faisant un grand bruit d'ailesB
Autour de hauts gibets o flottaient morfondusB
Sous la pluie et le vent des amas de pendusB
Et j'ai vu que c' tait Paris la bonne VilleD
Masures et palais princes et pl be vileD
Et non loin le coteau des trois martyrs b nisB
leuth re Rustique et Monsieur saint DenysB
Et j'ai vu la maison des Lys muette et hauteA
G henne dont le roi Charles sixi me est l'h teA
Et les murs en montaient dans la brume tout droitsB
Mornes si ce n' tait que par rares endroitsB
Une rouge lueur du fond des embrasuresB
Sortait comme du sang qui jaillit des blessuresB
Et l'une des clart s de ce royal tombeauL
tait la lampe d'or de madame IsabeauN
-
Certe au pays d' gypte o brandit l'oriflammeL
Loys le chevalier dont le Seigneur a l' meL
Jadis r gna du temps des mille dieux pa ensB
Sur Th bes et Memphis et les thiopiensB
Cl op tre avec qui le D mon fit ses oeuvresB
Et qui portait dit on un collier de couleuvresB
C' tait une damn e effroyable en effetA
N'ayant peur de l'enfer ni honte elle avait faitA
De son lit une auberge o s'en venait la terreD
Se so ler pleins brocs du vin de l'adult reD
Rois d'Asie et consuls de Rome jours et nuitsB
Y coudoyaient tout pleins d'imb ciles ennuisB
L'esclave et l'homme noir la face ab tieA
Que d s l'aube la mort happait la sortieA
Mais tous taient frapp s du m me aveuglementA
Cette larve et le peuple antique son amantA
Tous p chaient et mouraient sous la loi d'anath meA
Ignorant la Parole et les fonts du bapt meA
Car ton soleil J sus ne s' tait point levI
Sur la femme chair vile et sur l'homme nervI
Or j'ai vu comme aux temps de cette gyptienneC
Seigneur Christ En Paris la Ville tr s chr tienneC
L'oratoire royal tant un mauvais lieuD
La d bauche s' battre la face de DieuA
Et l' poux tant fol l' pouse d cha n eA
Meurtrir la bonne France aux quatre bouts saign eA
La vendre par quartiers l'inceste hontA
Au parjure damnable au meurtre ensanglantA
Aux limiers d'Armagnac aux bouchers de BourgogneC
Pourvu que secouant sa derni re vergogneC
La Ribaude en horreur m me aux plus avilisB
Prostitu t sa chair sur la couche des LysB
Et voici que j'ai vu dans la vapeur malsaineC
pandue aux deux bords mar cageux de SeineC
Force maisons de Dieu silencieusementA
Monter comme des bras au sombre firmamentA
Et j'ai vu tout navr s durant ces infamiesB
Au fond des saintes nefs cette heure endormiesB
Les Anges qui pleuraient du haut des pendentifsB
Et leurs l vres de pierre avaient des sons plaintifsB
Et saint Michel Archange en sa cotte de maillesB
Foulait plus rudement le Diable ceint d' caillesB
Et madame la Vierge un pied sur le croissantA
Dans sa robe d'azur toil g missantA
Suppliante tournait sa face maternelleD
Vers le Supplici de la Croix ternelleD
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Ah madame Isabeau tristes taient les cieuxB
Mais j'ai vu clairement s'en venir fort joyeuxB
Par milliers les d mons hurler votre porteA
Demandant si votre me est point qu'on l'emporteA
Et voici qu'au milieu du sabbat rugissantA
J'ai vu prise aux cheveux livide l'oeil en sangM
Louve qui de ses dents retroussait sa babineC
De l'intrus Jean vingt trois la vieille concubineC
Qui devant Balthazar et madame IsabeauN
Frayait le grand chemin du flamboyant tombeauA
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VC
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L'Esprit en cette nuit impassible et sans tr veC
A souffl dans mes yeux la forme de mon r veC
Et j'ai vu de mon ombre merger au levantA
Le soleil nef de feu que flagellait le ventA
Qui voguait haut et rude et crevant les nu esB
Rejetait en plein ciel leurs masses reflu esB
Les monts resplendissaient comme de grands falotsB
Allum s par d' pais brouillards et sur les flotsB
De la mer une rouge et furieuse cumeA
Sautait avec le bruit de l'eau qui bout et fumeA
Et les plaines o sont les villes les hameauxB
Fleuves et lacs et l'homme et tous les animauxB
Avec la multitude innombrable des plantesB
S' pandaient sous mes yeux humides et sanglantesB
Et j'ai cru voir le jour d s longtemps r soluD
O viendra de l'ab me un astre cheveluD
Horrible qui fera de la terre une braiseB
Et puis un peu de cendre au fond de la fournaiseB
-
Seigneur Ce n' tait pas la supr me clartA
Qui doit flamber au seuil de notre ternitA
Ce n' tait pas le jour des tardives d tressesB
Ni le clairon d'appel aux mes p cheressesB
Ni Josaphat ployant sous la foule des mortsB
Effroyable moisson d'inutiles remordsB
C' tait gr ce Satan qui l'allume et l'am neC
L'ordinaire soleil dont luit la race humaineC
-
Or voici que j'ai vu le monde comme un prD
Immense qui grouillait sous ce soleil pourprD
Plein d'hommes portant heaume et cotte d'acier lanceB
Masse d'armes et glaive engins de violenceB
Avec loques d'orgueil banni res et pennonsB
O le diable inscrivait leur lign e et leurs nomsB
Et c' tait un amas de nations diversesB
Sarrasins de Syrie Arm niens et PersesB
Et ceux d' gypte et ceux de Tartarie avecM
Le More grenadin le Sarmate et le GrecM
Et ces troupes de pied et ces cavaleriesB
Hurlant les yeux hagards haletantes meurtriesB
Se ruant p le m le en tourbillons rendantA
L' cume de la rage chaque coup de dentA
Sur la terre J sus que ta croix illumineC
S'entre mangeaient ainsi qu'en un temps de famineC
Et les plus furieux Seigneur quels taient ilsB
tait ce donc la horde aveugle des GentilsB
Ou ceux qui pour nier l'aise ta lumi reD
Du fil de la malice ont cousu leur paupi reD
-
Non Les plus gorgeurs h las C' taient tes filsB
Les rois oints du saint chr me aux pieds du CrucifixB
Les peuples baptis s de ton sang adorableD
Tels que des chiens hurlant sur un os mis rableD
Qui faisaient de la terre et de la Chr tientA
Un lieu de boucherie et de rapacitA
Et les trois chapp s de leur triple conclaveI
Soufflaient cet incendie et chauffaient cette laveI
-
Ah S'il faut que toujours le terrestre troupeauO
Donne une issue l' me au travers de la peauO
Et que le sang toujours par les monts et les plainesB
Emplissant le ciel bleu de ses cres haleinesB
Fume dans l'holocauste ternel d'ici basB
Rends nous la Foi vivante et les sacr s combatsB
Ton amour J sus avec ton esp ranceB
Comme aux jours des Philippe et des Loys de FranceB
Alors qu'un monde entier plein de joie et priantA
Ta pure image au coeur fluait vers l'OrientA
O les mes du corps p rissable chapp esB
Et ceintes de l' clair sans tache des p esB
Montaient laissant les fronts tranquilles et hardisB
Par leur chemin sanglant au divin ParadisB
Car en ce temps J sus la mort c' tait la vieI
La gloire bienheureuse o ta gr ce convieI
Les h ros tr pass s autant que les martyrsB
Et toutes les vertus et tous les repentirsB
-
Mais en ce pr champ clos immense de la haineC
La Col re broyait les morts pour la G henneC
Et triomphant dans sa hideuse d raisonC
D'un r le de damn s emplissait l'horizonC
-
-
VII
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-
L'Esprit m'a descendu sur les grasses vall esB
Tourangelles durant les heures toil esB
O l'alouette dort dans les bl s o les boeufsB
Ruminent en songeant aux pacages herbeuxB
O le Jacque puis de son labeur oublieD
Sa grand'mis re avec la cha ne qui le lieD
Et j'ai vu que la nuit tait muette autourD
Du chaume pitoyable et de la noble tourD
Hormis le noir moutier qui de la Loire claireD
Dressait hautainement sa masse s culaireD
Et d'o sortaient des voix et de larges clart sB
Comme aux saintes No ls dans les solennit sB
Or ce n' tait selon les r gles accompliesB
Ni matines J sus ni laudes ni compliesB
Ni les neuf psaumes ni les pieuses le onsB
vrai dire c' taient d'effroyables chansonsB
Et par entier m pris du divin monitoireD
Les torches de l'orgie autour du r fectoireD
Et voici que j'ai vu par ces rouges clatsB
La table aux ais massifs qui ployait sous les platsB
Les cruches les hanaps les brocs les cuellesB
Et jetant leurs odeurs brutes et sensuellesB
Les viandes qui fumaient chair de porc foisonC
Chair de boeuf jars et paons r tis et venaisonC
Chair d'agneau moutons gras qui gr sillaient encoreD
Et bons coqs que leur cr te carlate d coreD
Et les vapeurs montaient paisses au plafondA
Le sire Abb tr nait sur son banc d'oeuvre au fondA
Et tout le long de cette norme goinfrerieD
Cent moines tr s joyeux la trogne fleurieD
Entonnant les bons jus de Touraine plongeantA
Les dix doigts dans la viande charp e aspergeantA
De sauces et de vin leurs faces et leurs ventresB
Semblaient autant de loups sanglants au fond des antresB
Derri re ces goulus non moins empress s qu'euxB
Convers et marmitons avec les ma tres queuxB
Les caves o cuisaient les choses tant prochesB
Comblaient les plats vid s d garnissaient les brochesB
Allant venant courant suant vrai tourbillonC
De diables tout mouill s des eaux du goupillonC
Quelque moine alourdi tombait par intervalleD
la renverse avec la cruche qu'il avaleD
Et les autres riaient de ses g missementsB
Et l'ensevelissaient sous les reliefs fumantsB
-
Mais j'ai vu que le sire Abb droit sur son si geG
Bouche close au milieu du fracas qui l'assi geG
Sous son capuchon noir ainsi qu'un trangerD
Oyait et regardait sans boire ni mangerD
Or prenant en souci ce je ne et ce silenceB
J'ai vu ses yeux aigus comme des fers de lanceB
Qui tant t reluisaient travers ses cils rouxB
Et s'emplissaient tant t d'ombre comme deux trousB
De sorte que la bande tant bout de forcesB
Les uns tels que des troncs qui cr vent leurs corcesB
Faisant craquer la peau trop pleine de leurs flancsB
Les autres demi noy s les bras ballantsB
La t te sur la table et la langue tir eC
Pareils des pourceaux repus de leur cur eC
J'ai vu le sire Abb se lever lentementA
Au bout du r fectoire infect et tout fumantA
Et sa t te toucha les poutres enflamm esB
Et j'ai vu les deux mains d'ongles crochus arm esB
La face o le regard divin a flamboyA
Et j'ai vu que c' tait Satan le FoudroyD
-
Un silencieux rire ouvrit ses bl mes l vresB
Que dess che la soif des ineffables fi vresB
De son il rouge et creux comme un gouffre soudainC
Jaillit un morne clair de joie et de d dainC
Il dit Hol C'est l'heure Et voici qu' cet ordreD
Tandis que les repus commen aient de se tordreD
Et de geindre voil que par milliers surgisB
Marmitons queux servants avec des pals rougisB
Des fourches des tridents et des pieux et des piquesB
la file embrochaient les moines hydropiquesB
Et jetaient toute chaude et vive dans l'enferD
La Goinfrerie ayant pour abb LuciferD
-
-
VIII
-
-
L'Esprit m'a flagell rudement en arri reD
Des temps et j'ai revu sous Rome la guerri reD
Et le t trarque H rode et le vieux sanh drinC
La cit de David li e au joug d'airainC
Josaphat le C dron et les saintes piscinesB
Et le bois d'oliviers aux antiques racinesB
Et voici que j'ai vu par le soleil levantA
Le Temple o r sidait l'arche du Dieu vivantA
Une foule semblable des essaims d'abeillesB
Entrait sortait Ceux ci ploy s sous des corbeillesB
De l gumes de fruits ou de chairs en quartiersB
Ceux l tra nant des boeufs Gens de mille m tiersB
Vendeurs de lin d' gypte et vendeurs de ram esB
Vendeurs de graisse brute ou d'huiles parfum esB
D' toffes et de vins de la Perse et d'amasB
De glaives et de dards fabriqu s DamasB
De piques de cuissards de casques et de daguesB
Orf vres d bitant les colliers et les baguesB
Changeurs d'or et d'argent bien munis de faux poidsB
Marchands de sel marchands de r sine et de poixB
Marchands de grains donnant la mauvaise mesureD
Et force grippe sous pr tant grande usureD
Autour des Ch rubins et des sept ChandeliersB
Donc du parvis profond au bas des escaliersB
Le Temple n' tait plus qu'une halle effroyableD
Dont les Anges pleuraient et dont riait le DiableD
Or voici que j'ai vu sous ses beaux cheveux rouxB
J sus Notre Seigneur tr s p le de courrouxB
Qui passait travers toutes ces industriesB
Et ces gens par la soif d'un lucre vil fl triesB
Infectant de fumier de graisses et de vinC
De clameurs et de vols impurs le lieu divinC
Le Roi Christ tait doux plein de mis ricordeA
Mais j'ai vu qu'il tirait de sa robe une cordeA
Noueuse mise en trois et dure comme il fautA
Et qu' grands coups de fouet il les chassait d'en hautA
Par les rampes crevant les sacs les escarcellesB
Pleines d'argent poussant les boeufs sur les vaissellesB
Et les outres de vin sur les riches tissusB
Et l' ne sur l' nier et le tout par dessusB
Parce que cette engeance ainsi qu'au temps moderneC
Faisait de la maison divine une caverneC
-
Et tandis que J sus rendait ce jugementA
Et fouettait ces voleurs tr s v h mentementA
Les disciples non loin assis sous les portiquesB
M ditaient le coeur plein de visions mystiquesB
Et de l' me cherchaient comme d'autres des yeuxB
Le Royaume du Ma tre au del des sept cieuxB
Nul ne se souciait plong dans sa pens eC
De la foule en rumeur hors du Temple chass eC
Croyant que tout est bien sur terre quand on croitA
Et que le mieux apr s arrive par surcro tA
Et le roi Christ survint disant Ce n'est point l'heureD
De prier quand le feu d vore la demeureD
Bienheureux qui se l ve et luttant irritA
Pour la justice en peine et pour la charitA
Applique sur le mal l'efficace rem deA
Et malheur qui n'est ni chaud ni froid mais ti deA
Or que faites vous l Rien Moi je vous le disB
L'inactif n'aura point de place au ParadisB
-
Et moi je vous le dis apr s Christ la Lumi reD
Qui s'en vint dissiper l'obscurit premi reD
L'Eau vive qui circule au sillon dess chK
Je vous le dis vous qui fuyez le P chK
Et les fanges du si cle mes encor sans tacheK
Parmi ceux qu'en enfer Satan m ne l'attacheK
princes S'il en est moines prieurs abb sB
Qui n' tes point encor dans ses pi ges tomb sB
Mais qui les bras crois s et les yeux pleins de larmesB
Pour le combat de Dieu n'endossez point vos armesB
Je vous le dis Malheur Et quand le jour luiraD
Du dernier jugement le Roi Christ vous diraD
Arri re paresseux coeurs tremblants coeurs d'esclavesB
Je ne suis pas le dieu des l ches mais des bravesB
Qui de vous a souffert qui de vous a luttA
Allez Je vous renie et pour l' ternitA
-
-
-
Voil ce que j'ai vu par le nocturne espaceB
En ce monde o l'agneau divin b le et tr passeB
Pour l' me et pour la chair d'Adam dur et t tuA
O le Sang qui nous lave a perdu sa vertuA
O la barque de Pierre aux trois courants livr eA
Heurte les rocs aigus et s'en va d membr eA
En haute mer portant sous les cieux assombrisB
La pauvre Chr tient qui charge ses d brisB
Voil ce que j'ai vu par la gr ce tr s sainteA
De l'esprit la Foi morte et la V rit ceinteA
D' pines comme Christ apr s Geths maniA
Le Si ge unique bas et son clat terniA
Le bon grain pourrissant dans les sillons aridesB
Royaut s sans lumi re et nations sans bridesB
Et par grande mis re au milieu de celaD
En liesse sonnant ses trompes de galaD
Par devant Sigismund qui souffre ce blasph meA
La nouvelle h r sie au pays de Boh meA
-
Or le Roi J sus Christ parlant comme il lui pla tA
Par la bouche de l'aigle ou bien de l'oiseletA
M'a dit L ve toi Guy de Clairvaux pauvre moineA
Car voici que Satan d truit mon patrimoineA
Et le temps est venu d'agir de haute mainA
Et promptement de peur qu'il soit trop tard demainA
Moi je l'ai suppli d'une oraison ferventeA
De m' pargner ch tif que le si cle pouvanteA
Mais J sus derechef m'a pris par les cheveuxB
Disant Parle tout haut moine Guy Je le veuxB
Donc Monsieur saint Bernard qui si ge au lieu c lesteA
Hausse ma voix L'Esprit divin fera le resteA
-
Sus Sus La coupe est pleine et d borde DeboutA
Les forts les purs les bons car le monde est boutA
Et voici que tant t la vieille idol trieD
S'en va noyer la terre et sa race fl trieD
Mieux qu'au d luge o Dieu jadis se r solutA
Moins la colombe avec le rameau du salutA
Sus Empereurs et Rois chefs du Centre et des MarchesB
Cardinaux et Primats v ques PatriarchesB
Abb s G n raux d'ordre et Docteurs tr s chr tiensB
Vous tous les boucliers les flambeaux les soutiensB
De la tr s v n rable glise notre m reB
Qui languit et qui pleure en son angoisse am reB
Je vous adjure au nom des mes en dangerD
Qui sont p ture aux loups et n'ont plus de BergerD
Par la sanglante Croix o pend le Fils uniqueM
Sus Debout Au tr s saint Concile oecum niqueM
-
Au concile Sit t que vous y si gerezB
vos fronts comme ceux des ap tres sacr sB
Luira le paraclet en flamboyantes languesB
Qui mettra la sagesse en vos bonnes haranguesB
Et le sens infaillible et la droite quitA
Seront fruits m rs de votre impeccabilitA
Sus triez le froment des pailles de l'ivraieD
Par D crets et Canons qui sont la R gle vraieD
Que tout soit apais que tout soit r tabliD
Qu'en son gouffre Satan retombe enseveliD
Que le Si ge tant Un comme Dieu qui le fondeA
Soit Parole et Lumi re aux quatre bouts du mondeA
Source vive au Fid le esp rance au GentilD
Et joie en terre comme au ciel Ainsi soit ilD

Charles Marie Rene Leconte De Lisle



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