Don Juan Pipé Poem Rhyme Scheme and Analysis

Rhyme Scheme: A BBCCDEFGCC BBHHGGCCCCIIBBBBGGJK BBBBLMBBBICCCCIICCCC CCBBMMMMBBCCBBCCMMCN BBNNCNNNBB GGCCGGCCMN KICCCCCCCC IICCCCCCBB CNGGCCGGNB BBCCHHBBCNBBMMGGMMBN

A Fran ccedil ois Copp eacute eA
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Don Juan qui fut grand Seigneur en ce mondeB
Est aux enfers ainsi qu'un pauvre immondeB
Pauvre sans la barbe faite et pouilleuxC
Et si ce n' eacute taient la lueur de ses yeuxC
Et la beaut eacute de sa maigre figureD
En le voyant ainsi quiconque jureE
Qu'il est un gueux et non ce h eacute ros fierF
Aux dames comme aux po egrave tes si cherG
Et dont l'auteur de ces humbles chroniquesC
Vous va parler sur des faits authentiquesC
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Il a son front dans ses mains et para icirc tB
Penser beaucoup agrave quelque grand secretB
Il marche agrave pas douloureux sur la neigeH
Car c'est son ch acirc timent que rien n'all egrave geH
D'habiter seul et v ecirc tu de l eacute gerG
Loin de tout lieu o ugrave fleurit l'orangerG
Et de mener ses tristes promenadesC
Sous un ciel veuf de toutes s eacute r eacute nadesC
Et qu'une lune morte eacute claire assezC
Pour expier tous ses soleils passesC
Il songe Dieu peut gagner car le DiableI
S'est vu r eacute duire agrave l' eacute tat pitoyableI
De tourmenteur et de ge ocirc lier gag eacuteB
Pour ecirc tre las trop t ocirc t et trop acirc g eacuteB
Du R eacute volt eacute de jadis il ne resteB
Plus qu'un bourreau qu'on paie et qu'on molesteB
Si bien qu'enfin la cause de l'EnferG
S'en va tombant comme un fleuve agrave la merG
Au sein de l'alliance primitiveJ
Il ne faut pas que cette honte arriveK
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Mais lui don Juan n'est pas mort et se sentB
Le coeur vif comme un coeur d'adolescentB
Et dans sa t ecirc te une jeune pens eacute eB
Couve et nourrit une force amass eacute eB
S'il est damn eacute c'est qu'il le voulut bienL
Il avait tout pour ecirc tre un bon chr eacute tienM
La foi l'ardeur au ciel et le bapt ecirc meB
Et ce d eacute sir de volupt eacute lui m ecirc meB
Mais s' eacute tant d eacute couvert meilleur que DieuB
Il r eacute solut de se mettre en son lieuI
A cet effet pour asservir les acirc mesC
Il rendit siens d'abord les coeurs des femmesC
Toutes pour lui laiss egrave rent l agrave J eacute susC
Et son orgueil jaloux monta dessusC
Comme un vainqueur foule un champ de batailleI
Seule la mort pouvait ecirc tre agrave sa tailleI
Il l'insulta la d eacute fit C'est alorsC
Qu'il vint agrave Dieu sans peur et sans remordsC
Il vint agrave Dieu lui parla face agrave faceC
Sans qu'un instant h eacute sit acirc t son audaceC
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Le d eacute fiant Lui son Fils et ses saintsC
L'affreux combat Tr egrave s calme et les reins ceintsC
D'impi eacute t eacute cynique et de blasph egrave meB
Ayant vol eacute son verbe agrave J eacute sus m ecirc meB
Il voyagea funeste p egrave lerinM
Pr ecirc chant en chaire et chantant au lutrinM
Et le torrent amer de sa doctrineM
Parall egrave le agrave la parole divineM
Troublait la paix des simples et noyaitB
Toute croyance et grossi s'enfuyaitB
Il enseignait laquo Juste prends patienceC
Ton heure est proche Et mets ta confianceC
En ton bon coeur Sois vigilant pourtantB
Et ton salut en sera s ucirc r d'autantB
Femmes aimez vos maris et les v ocirc tresC
Sans cependant abandonner les autresC
L'amour est un dans tous et tous dans unM
Afin qu'alors que tombe le soir brunM
L'ange des nuits n'abrite sous ses ailesC
Que coeurs mi clos dans la paix fraternelle raquoN
Au mendiant errant dans la for ecirc tB
Il ne donnait un sol que s'il juraitB
Il ajoutait laquo De ce que l'on invoqueN
Le nom de Dieu celui ci ne s'en choqueN
Bien au contraire et tout est pour le mieuxC
Tiens prends et bois agrave ma sant eacute bon vieux raquoN
Puis il disait laquo Celui l agrave pr eacute variqueN
Qui de sa chair faisant une bourriqueN
La subordonne au soin de son salutB
Et lui d eacute signe un trop servile butB
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La chair est sainte Il faut qu'on la v eacute n egrave reG
C'est notre fille enfants et notre m egrave reG
Et c'est la fleur du jardin d'ici basC
Malheur agrave ceux qui ne l'adorent pasC
Car non contents de renier leur ecirc treG
Ils s'en vont reniant le divin ma icirc treG
J eacute sus fait chair qui mourut sur la croixC
J eacute sus fait chair qui de sa douce voixC
Ouvrait le coeur de la SamaritaineM
J eacute sus fait chair qu'aima Madeleine raquoN
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A ce blasph egrave me effroyable voil agraveK
Que le ciel de t eacute n egrave bres se voilaI
Et que la mer entre choqua les icirc lesC
On vit errer des formes dans les villesC
Les mains des morts sortirent des cercueilsC
Ce ne fut plus que terreurs et que deuilsC
Et Dieu voulant venger l'injure affreuseC
Prit sa foudre en sa droite furieuseC
Et maudissant don Juan lui jeta basC
Son corps mortel mais son acirc me non pasC
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Non pas son acirc me on l'allait voir Et p acirc leI
De m acirc le joie et d'audace infernaleI
Le grand damn eacute royal sous ses haillonsC
Prom egrave ne autour son oeil plein de rayonsC
Et crie laquo A moi l'Enfer ocirc vous qui f ucirc tesC
Par moi guid eacute s en vos sublimes chutesC
Disciples de don Juan reconnaissezC
Ici la voix qui vous a redress eacute sC
Satan est mort Dieu mourra dans la f ecirc teB
Aux armes pour la supr ecirc me conqu ecirc teB
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laquo Appr ecirc tez vous vieillards et nouveau n eacute sC
C'est le grand jour pour le tour des damn eacute s raquoN
Il dit L' eacute cho fr eacute mit et va r eacute pandreG
L'appel altier et don Juan croit entendreG
Un grand fr eacute missement de tous c ocirc t eacute sC
Ses ordres sont agrave coup s ucirc r eacute cout eacute sC
Le bruit s'accro icirc t des clameurs de victoireG
Disant son nom et racontant sa gloireG
laquo A nous deux Dieu stupide maintenant raquoN
Et don Juan a foul eacute d'un pied tonnantB
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Le sol qui tremble et la neige glac eacute eB
Qui semble fondre au feu de sa pens eacute eB
Mais le voil agrave qui devient glace aussiC
Et dans son coeur horriblement transiC
Le sang s'arr ecirc te et son geste se figeH
Il est statue il est glace O prodigeH
Vengeur du Commandeur assassin eacuteB
Tout bruit s' eacute teint et l'Enfer r eacute fr eacute n eacuteB
Rentre agrave jamais dans ses mornes cellulesC
laquo O les rodomontades ridicules raquoN
Dit du dehors Quelqu'un qui ricanaitB
laquo Contes pr eacute vus farces que l'on conna icirc tB
Morgue espagnole et fougue italienneM
Don Juan faut il afin qu'il t'en souvienneM
Que ce vieux Diable encor que radoteurG
Ainsi te prenne en d eacute lit de candeurG
Il est eacute crit de ne tenter personneM
L'Enfer ni ne se prend ni ne se donneM
Mais avant tout ami retiens ce pointB
On est le Diable on ne le devient point raquoN

Paul Verlaine



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