Les Clairs De Lune Poem Rhyme Scheme and Analysis

Rhyme Scheme: AAAAABCBCCCCCACAACAC ACCCCCDCCD CCCC CDDC ACCA CAAC AEEA CCCC AFFA CAAC CDCD GDGD CHCF FCFC CDCD IDID CACA EAEA

C'est un monde difforme abrupt lourd et livideA
Le spectre monstrueux d'un univers d truitA
Jet comme une pave l'Oc an du videA
Enfer p trifi sans flammes et sans bruitA
Flottant et tournoyant dans l'impassible nuitA
Autrefois rev tu de sa gr ce premi reB
Globe heureux d'o montait la rumeur des vivantsC
Jeune il a fait ailleurs sa route de lumi reB
Avec ses eaux ses bleus sommets ses bois mouvantsC
Sa robe de vapeurs mollement d nou esC
Ses millions d'oiseaux chantant par les nu esC
Dans la pourpre du ciel et sur l'aile des ventsC
Loin des ti des soleils loin des nocturnes gloiresC
travers l' tendue il roule maintenantA
Et voici qu'une mer d'ombre par gerbes noiresC
Contre les bords rong s du hideux continentA
S' crase furieuse et troue en bouillonnantA
Le bl me escarpement des rugueux promontoiresC
Jusqu'au fa te des pics elle jaillit d'un bondA
Et sur leurs escaliers versant ses cataractesC
cume et rejaillit hors des gouffres sans fondA
Dans l'espace asperg de t n bres compactesC
Et de ces blocs disjoints de ces lugubres flotsC
De cet croulement horrible morne immenseC
On n'entend rien sortir ni clameurs ni sanglotsC
Le sinistre univers se dissout en silenceC
Mais la Terre plus bas qui r ve et veille encorD
Sous le p tillement des solitudes bleuesC
Regarde en souriant des milliers de lieuesC
La lune dans l'air pur tendre son grand arc d'orD
-
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II-
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Au plus creux des ravins emplis de blocs confusC
De flaques d'eau luisant par endroits sous les ombresC
La lune d'un trait net sculpte les lignes sombresC
De vieux troncs d'arbres morts roides comme des f tsC
-
Dans les taillis baign s de violents aromesC
Qu'une brume atti die humecte de sueurD
Elle tombe et blanchit de sa dure lueurD
Le sentier des lions chasseurs de boeufs et d'hommesC
-
Un rauque grondement monte roule et granditA
Tout un monde effray rampe sous les arbustesC
Une souple panth re arque ses reins robustesC
Et de l'autre c t du ravin noir bonditA
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Les fragments de bois sec craquent parmi les pierresC
On entend approcher un souffle rude et sourdA
Qui hal te et des pas l gers pr s d'un pas lourdA
Des feux luisent au fond d'invisibles paupi resC
-
Un vieux roi chevelu maigre marche en avantA
Et flairant la rumeur nocturne qui fourmilleE
Le Col droit l'oeil au guet la farouche familleE
Lionne et lionceaux suit les mufles au ventA
-
Le p re de ses crins voilant sa t te affreuseC
Hume un parfum subtil dans l'herbe et les caillouxC
Il h site et repart et sa queue au fouet rouxC
Par intervalles bat ses flancs que la faim creuseC
-
Hors du fourr tous quatre au fa te du coteauA
Aspirant dans l'air ti de une proie incertaineF
Un instant arr t s regardent par la plaineF
Que la lune rev t de son bl me manteauA
-
La m re et les enfants se couchent sur la ronceC
Et le roi de la nuit pousse un rugissementA
Qui d' chos en chos m lancoliquementA
Comme un grave tonnerre l'horizon s'enfonceC
-
-
III-
-
-
La mer est grise calme immenseC
L'oeil vainement en fait le tourD
Rien ne finit rien ne commenceC
Ce n'est ni la nuit ni le jourD
-
Point de lame frange d' cumeG
Point d' toiles au fond de l'airD
Rien ne s' teint rien ne s'allumeG
L'espace n'est ni noir ni clairD
-
Albatros p trels aux cris rudesC
Marsouins souffleurs tout a fuiH
Sur les tranquilles solitudesC
Plane un vague et profond ennuiF
-
Nulle rumeur pas une haleineF
La lourde coque au lent roulisC
Hors de l'eau terne montre peineF
Le cuivre de ses flancs polisC
-
Et le long des cages poulesC
Les hommes de quart sans rien voirD
Regardent en songeant les houlesC
Monter descendre et se mouvoirD
-
Mais vers l'Est une lueur blancheI
Comme une cendre au vol l gerD
Qui par nappes fines s' pancheI
De l'horizon semble mergerD
-
Elle nage pleut se disperseC
S' panouit de toute partA
Tourbillonne retombe et verseC
Son diaphane et doux brouillardA
-
Un feu p le luit et d ferleE
La mer fr mit s'ouvre un momentA
Et dans le ciel couleur de perleE
La lune monte lentementA

Charles Marie Rene Leconte De Lisle



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