Le Massacre De Mona Poem Rhyme Scheme and Analysis

Rhyme Scheme: ABBBCC CCDDBBCCEFFFCCBBFF CCGHCCCCBB BBCCCCCCFFCC CCCCIIII CCJJBKCCCCBBBBGGBBCC LMIIFFCCNN BBCCBBNNCCBBF FBBIICCCCJJBBIICCCCC CBBCCCCNNBBCCCC FFCCNNIICC FFCCBBFFNN FCCFCFBBFB CCCCCCIBCJ CCCCCBIIBI CBBCBJFFJF FBBFBCCCCC CCCCCBCCBC IIIIICBBCB BIIBIBCCBC FCCFCCBBCB CCCCCBCCBC CCCCCCNNCN CCCCCCCCCC CCCCCCCCCC DGGDGCCCCC FFCCBBCCCCNNBBBBCCBB CCCCCCCCBBFFC CIIGGCCDDNNGGCCIICCC CCCJJFFCCBFCCCCCCIIC CBBCCBBNNCCBBBBCCBBJ NFF GGFFCCBBCCBB NNJJCCNNBNFFNNCCCCNN CCNNFFCCFFNOCCNNNN CCNNFFNNNNDDNNDDONFF FFFFFFNN PPNNCC GGNQDDNNCCNN DDNNPPNN IINN JJCC NNCCCCCCCCFFCCFF

Or Mona du milieu de la mer rude et hauteA
Dressait rigidement les granits de sa c teB
Qui massifs et baign s d' cume et pleins de bruitB
Brisaient l'eau furieuse en gerbes dans la nuitB
Sombres spectres v tus de blanc dans ces t n bresC
Et vomissant les flots par leurs gueules fun bresC
-
L'Esprit rauque du vent au fa te noir des rocsC
Tournoyait et soufflait dans ses cornes d'aurochsC
Et c' tait un fracas si vaste et si sauvageD
Que la mer s'en taisait tout le long du rivageD
Tant le son formidable en cette immensitB
Par coups de foudre et par rafales emportB
De cris et de sanglots et de voix perduesC
Comblait le gouffre pais des mornes tenduesC
L'Esprit du vent soufflait dans ses clairons de ferE
En aspergeant le ciel des baves de la merF
Il soufflait h rissant comme une chevelureF
La noire nue parse autour de l' le obscureF
Conviant les Esprits ceints d'algue et de limonsC
Et ceux dont le vol gronde la cime des montsC
Et ceux des cavit s de qui la force sourdeB
Fait comme un coeur qui bat bondir la terre lourdeB
Et ceux qui dans les bois portent la Serpe d'orF
Ceux de Kambrie et ceux d' rinn et ceux d'ArmorF
-
L'Esprit de la temp te avec ses mille bouchesC
Les appelant soufflait dans ses trompes farouchesC
Mieux que taureaux beuglants et loups hurlants de faimG
D'une gale vigueur d'une haleine sans finH
Il soufflait Et voici qu' travers les nu esC
Par les eaux de la mer hautement reflu esC
Tels que des tourbillons press s toujours accrusC
Les Dieux Kymris du fond de la nuit accourusC
Abordaient l' le sainte immuable sur l'ondeB
Mona la v n r e autel central du mondeB
-
Ainsi les Ma tres fils de Math le tr s puissantB
Volaient imp tueux essaims paississantB
L'ombre aveugle et pareils ces millions d'ailesC
Qu'aux soleils printaniers meuvent les hirondellesC
Les uns tordant leurs bras noueux comme des fouetsC
Ceux ci contre leur sein courbant leurs fronts muetsC
Et d'autres exhalant des plaintes touff esC
Innombrables les Dieux m les avec les F esC
Ils venaient ils venaient par nuages s'asseoirF
Sur les sommets aigus et sur le sable noirF
Et voyant affluer leurs masses vagabondesC
L'Esprit souffla de joie en ses conques profondesC
-
Sur le rivage bas enclos de toutes partsC
De rochers lourds moussus tag s en rempartsC
O le flot s culaire a creus de longs porchesC
Autour d'un bloc cubique on a plant neuf torchesC
Et la lueur sinistre ensanglante l'autelI
Et la mer et la sombre immensit du cielI
Et parfois se r pand au vent qui la d rouleI
Comme une rouge cume au travers de la fouleI
-
Les Bardes sont debout dans leurs sayons ray sC
Aux harpes de granit les deux bras appuy sC
leurs reins pend la Rhote et luit le large glaiveJ
La touffe de cheveux qu'une corce rel veJ
Flotte signe h ro que au cr ne large et rondB
Avec la plume d'aigle et celle du h ronK
Les Ovates v tus de noir et les EvhagesC
Portant haches de pierre et durs penn baz sauvagesC
Pieds nus poignets orn s d'anneaux de cuivre rouxC
Et le front ombrag d'une tresse de houxC
De leurs bras musculeux pressant leur sein robusteB
Gardent le Chef sacr le Pur le Saint l'AugusteB
Couronn par Gwiddonn du rameau toujours vertB
Celui qui de sa robe aux longs plis blancs couvertB
V n rable aussi fort qu'un vieil arbre aussi fermeG
Qu'une pierre au milieu du cercle qui l'enfermeG
D'un si cle sans ployer porte le lourd fardeauB
Sous d' pais cheveux noirs ruisselant d'un bandeauB
De verveine enlac e aux blanches primev resC
Pr s de lui le front haut grande les yeux s v resC
Voici dans sa tunique ouverte sur le seinL
La p le Uheld da proph tesse de Se nM
Agraf e son flanc de vierge nue et telleI
Qu'un clair resplendit la Faucille immortelleI
Elle tient de son bras nerveux au beau contourF
Le vase toujours plein de l'onde AzewladourF
Et derri re leur reine et leur sur huit pr tressesC
Dans la brume des nuits laissant flotter leurs tressesC
Portent des pins flambants que le vent fouette en vainN
Autour de l'Arche d'or o g t le Gui divinN
-
Donc cette foule tant avec la multitudeB
Des Dieux silencieuse en cette solitudeB
Tandis que par l'orage et sur les vastes eauxC
Montait le dernier cri des nocturnes oiseauxC
Le Chef sacerdotal versa selon le riteB
La libation d'eau par Hu ar braz prescriteB
En un feu de bois sec et de vert romarinN
Dont l'odeur s' pandit sur le sable marinN
Et d'une voix semblable au murmure des ch nesC
Il dit Monte fum e aux toiles prochainesC
Le Tr s Sage debout sur l'autel de granitB
Aspergea d'un rameau la foule et la b nitB
Puis il reprit montrant la plage solitaireF
-
Voici Mona voici l'enceinte de la terreF
Et par la nuit sans borne et le ciel haletantB
L'humanit m' coute et le monde m'entendB
Une voix a parl dans les temps que dit elleI
Qu'enseigne l'homme pur la Parole immortelleI
Voici ce qu'elle dit J' tais en germe closC
Dans le creux r servoir o dormaient les neuf FlotsC
Et Dylan me tenait sur ses genoux normesC
Quand au soleil d' t je naquis des neuf FormesC
De l'argile terrestre et du feu primitifJ
Du fruit des fruits de l'air et des tiges de l'ifJ
Des joncs du lac tranquille et des fleurs de l'arbusteB
Et de l'ortie aigu et du ch ne robusteB
Le purificateur m'a br l sur l'autelI
Et j'ai connu la mort avant d' tre immortelI
Et dans l'aube et la nuit j'ai fait les trois VoyagesC
Marqu du triple sceau par le Sage des sagesC
Or serpent tachet j'ai ramp sur les montsC
Crabe j'ai fait mon nid dans les verts go monsC
Pasteur j'ai vu mes boeufs pa tre dans les vall esC
Tandis que je lisais aux tentes toil esC
J'ai fui vers le couchant j'ai pri combattuB
J'ai gravi d'astre en astre et de vice en vertuB
Emportant le fardeau des angoisses utilesC
J'ai vu cent continents j'ai dormi dans cent lesC
Et voici que je suis plein d'innombrables joursC
Devant grandir sans cesse et m' lever toujoursC
Que dit encor la Voix la race du Ch neN
Voici ce qu'elle dit La flamme au feu s'encha neN
Et l' chelle sans fin sur son double versantB
Voit tout ce qui gravit et tout ce qui descendB
Vers la paix lumineuse ou dans la nuit immenseC
Et l'un pouvant d choir quand l'autre recommenceC
rinn Kambrie Armor Mona terre des PursC
Entendez moi c'est l'heure et les si cles sont m rsC
-
D'un sourcil v n rable abritant sa paupi reF
Le Tr s Sage se tut sur la table de pierreF
Il tendit les bras vers l'orage des cieuxC
Puis il resta debout droit et silencieuxC
Et sur le front du cercle immobile une haleineN
Faible et triste monta qui murmurait peineN
Souffle respectueux de la foule Et voilI
Qu'une vibration soudaine s'exhalaI
Et qu'un Barde branlant la harpe qu'il embrasseC
Chanta sous le ciel noir l'histoire de sa raceC
-
Hu Gadarn dont la tempe est ceinte d'un clairF
R gulateur du ciel dont l'aile d'or fend l'airF
Et vous chanteurs anciens chefs des harpes bardiquesC
Qu'au pays de l' t sur les monts fatidiquesC
Les clans qui ne sont plus ont cout s souventB
Livrer votre harmonie au vol joyeux du ventB
Versez moi votre souffle chanteurs que j'honoreF
Et parlez vos fils par ma bouche sonoreF
Car voici que l'Esprit m'emporte au temps lointainN
O la race des Purs vit le premier matinN
-
jeunesse du monde beaut de la terreF
Verdeur des monts sacr s flamme antique des cieuxC
Et toi Lac du soleil o comme nos a euxC
L' me qui se souvient plonge et se d salt reF
Salut Les si cles morts renaissent sous mes yeuxC
Les voici rayonnants ou sombres dans la gloireF
Ou dans l'orage pleins de joie ou pleins de bruitB
De ce vivant cort ge voqu de la nuitB
Que les premiers sont beaux Mais que la nue est noireF
Sous le d roulement sinistre qui les suitB
-
Les grandes Eaux luisaient transparentes et viergesC
Plus haut que l'univers entre les neuf SommetsC
Avec un noble chant qui ne cessait jamaisC
Vives elles sonnaient contre leurs vastes bergesC
Et dans ce lit Gadarn toi tu les comprimaisC
La lumi re baignait au loin leurs belles lignesC
O des rosiers g ants rougissaient dans l'air bleuI
De tout lotus ouvert sortait un jeune DieuB
Les brises qui gonflaient l'aile blanche des cygnesC
Suspendaient leurs cous l'onde en colliers de feuJ
-
Sous le magique azur aux profondeurs sublimesC
Couch dans son palais de nacre et les yeux closC
Le roi Dylan dormait au bercement des flotsC
Et ses fils mergeant du creux des clairs ab mesC
Venaient rire au soleil dans l'herbe des lotsC
Et l'homme tait heureux sur la face du mondeB
La voix de son bonheur ber ait la paix du cielI
Et d'un essor gal dans le cercle ternelI
Les mes d laissant la ruche trop f condeB
Aux fleurs de l'infini puisaient un nouveau mielI
-
Ainsi multipliaient les races fortun esC
Et la terre tait bonne et douce tait la mortB
Car ceux qu'elle appelait la go taient sans remordB
Mais quand ce premier jour eut compt mille ann esC
Une main agita l'urne noire du sortB
Le vieux dragon Avank travaill par l'envieJ
Aux sept t tes aux sept becs d'aigle aux dents de ferF
Aux yeux de braise au souffle aussi froid que l'hiverF
Sortit de son dolmenn et contempla la vieJ
Et furieux mordit les digues de la merF
-
Cent longues nuits durant la B te horrible et l cheF
Oubliant le sommeil et d sertant son nidB
Rongea les blocs pais secoua d sunitB
Et fit tant de la griffe et du bec sans rel cheF
Qu'elle effondra l'immense et solide granitB
L'eau croula du milieu des montagnes trou esC
Par nappes et torrents sur le jeune universC
Qui riait et chantait sous les feuillages vertsC
Et l' cume du choc rejaillit en nu esC
Et les cieux clatants depuis en sont couvertsC
-
Le Lac des lacs noya les vallons et les plainesC
Il rugit travers la profondeur des boisC
O les grands animaux tournoyaient aux aboisC
L'onde effa a la terre et les races humainesC
Virent le ciel ancien pour la derni re foisC
Les astres qui doraient l' tendue clatanteB
Eux m mes palpitant comme des yeux en pleursC
Regard rent plus haut vers des mondes meilleursC
L'ombre se d ploya comme une lourde tenteB
D'o sortit le sanglot des supr mes douleursC
-
Et le Dragon du haut d'un roc in branlableI
Tout joyeux de son oeuvre et du crime accompliI
Maudit l'univers mort et l'homme enseveliI
Disant Hors moi l'Avank qui suis imp rissableI
Les heureux sont couch s dans l' ternel oubliI
Mais voici qu'au dessus de l'oc an sans bornesC
Flottait la vaste Nef par qui tout est vivantB
Rejetant la vapeur de leurs mufles au ventB
Les deux boeufs de N v z la tra naient de leurs cornesC
Et les flots mugissaient d'aise en la poursuivantB
-
Or quand l'Avank les vit qui nageaient vers son fa teB
Consum de sa haine impuissante il soufflaI
Un ouragan de bave et de flamme et voilI
Que se crevant les yeux qui voyaient sa d faiteB
Dans le gouffre cumant et sanglant il roulaI
Et le soleil s cha l'humide solitudeB
O de chaudes vapeurs sortaient en tourbillonsC
Des cadavres de l'homme et des chairs des lionsC
Puis mille ans et l'immense et jeune multitudeB
Envahit de nouveau montagnes et vallonsC
-
Mais la terre tait triste et l'humanit sombreF
Se retournait toujours vers les si cles joyeuxC
O s' tait exhal l'esprit de ses a euxC
Le morne souvenir la couvrit de son ombreF
Et la race des Purs d sira d'autres cieuxC
Une nuit l'Occident plein d'appels proph tiquesC
S'embrasa tout coup d'une longue clartB
Ce fut l'heure Et depuis nos p res t'ont quittB
Sol o l'homme a germ berceau des clans antiquesC
Demeure des heureux Pays de l' tB
-
Vieillards bardes guerriers enfants femmes en larmesC
L'innombrable tribu partit ceignant ses flancsC
Avec tentes et chars et les troupeaux beuglantsC
Au passage entaillant le granit de ses armesC
Rougissant les d serts de mille pieds sanglantsC
Elle allait Au devant de sa course perdueB
Les peuples refluaient comme des flots humainsC
Les montagnes croulaient treintes par ses mainsC
Elle allait Elle allait travers l' tendueB
Laissant les os des morts blanchir sur ses cheminsC
-
Une mer apparut aux hurlements sauvagesC
Ab me o nuls sentiers n'avaient t fray sC
H riss s' lan ant par bonds multipli sC
Comme l'assaut de l'homme errant sur ses rivagesC
Et jetant son cume des cieux foudroy sC
Et cette mer semblait la gardienne des mondesC
D fendus aux vivants d'o nul n'est revenuN
Mais l' me par del l'horizon morne et nuN
De mille et mille troncs couvrant les noires ondesC
La foule des Kymris vogua vers l'inconnuN
-
La temp te sept jours et sept nuits par l'espaceC
Poussa la flotte immense au but myst rieuxC
Et Hu Gadarn volait sur les vents furieuxC
Illuminant l'ab me o s'enfon ait sa raceC
Avec le souvenir l'esp rance et les DieuxC
Et les harpes vibraient dans les clameurs farouchesC
Qui se ruaient du ciel et montaient des flots sourdsC
Et les hymnes sacr s chos des anciens joursC
R sonnant la fois sur d'innombrables bouchesC
Faisaient taire la foudre en clatant toujoursC
-
Tels nos a eux nageaient vers vous saintes contr esC
Rocs de Cambrie Armor o croissent les guerriersC
Et les ch nes rinn qui dans tes frais sentiersC
Entrelaces les houx aux bruy res dor esC
Et berces l'aigle blanc sur tes verts peupliersC
travers les marais les torrents les bois sombresC
Les aurochs mugissants les loups les ours velusC
Et chassant devant eux des peuples chevelusC
Ils s'assirent enfin sous vos divines ombresC
for ts du repos qu'ils ne quitt rent plusC
-
Et la race des Purs forte puissante et sageD
Ch re aux Dieux fils de Math par qui tout a germG
Coula comme un grand fleuve en son lit embaumG
Qui r pand la fra cheur et la vie au passageD
Et tout droit dans la mer tombe large et calmG
jours heureux temps sacr s et pacifiquesC
Voix m les qui chantiez sous les ch nes mouvantsC
Beaux hymnes de la mer doux murmures des ventsC
Salut Soleils f conds des si cles magnifiquesC
Salut Cieux o les morts conviaient les vivantsC
-
Et le Barde se tut Et sur la hauteur noireF
L'esprit du vent poussa comme un cri de victoireF
Et la foule agitant les haches les penn bazC
Et les glaives ainsi qu' l'heure des combatsC
Ivre du souvenir et toute h riss eB
Salua les splendeurs de sa gloire pass eB
Et les Dieux se levaient tordant au fond des cieuxC
Leurs bras g ants avec des flammes dans les yeuxC
Et tels qu'une for t aux immenses feuillagesC
De leurs cheveux pars balayant les nuagesC
La foudre d'un soleil sanglant illuminaN
L'horizon et la mer et la sainte MonaN
Qui bondit hors des flots flamboyante et frapp eB
Et d'un rugissement terrible envelopp eB
Tandis que le rideau de la nuit se fendaitB
Du haut en bas sous l'ongle en feu qui le mordaitB
Laissant pendre enlac s de palpitantes flammesC
Des lambeaux convulsifs sur la cr te des lamesC
Puis dans l'obscurit tout rentra brusquementB
La mer fumante encor reprit son hurlementB
Monotone le long des rochers et des sablesC
Et tous les fils de Math se rassirent semblablesC
ces amas de blocs athl tiques et lourdsC
Immobiles depuis l'origine des joursC
Qui regardent pench s sur les ab mes vaguesC
l'assaut des grands caps monter les hautes vaguesC
Alors Uheld da roidissant ses bras blancsC
leva vers le ciel ses yeux tincelantsC
Et la foule couta la Vierge v n r eB
Qui tranche le Gui vert sur l' corce sacr eB
Et qui du haut des rocs battus du flot amerF
voque autour de Se n les d mons de la merF
Uheld da leur dit au milieu du silenceC
-
Hommes du Ch ne a n s d'une famille immenseC
Derniers rameaux pouss s sur un tronc branlI
Dormiez vous dans les bois quand l'Esprit m'a parlI
Voguiez vous marins sur la st rile cumeG
Quand la voix de Gwiddonn m'a vers l'amertumeG
Bardes chantiez vous l'histoire des a euxC
Et le d roulement des si cles glorieuxC
Quand assise au sommet de mon le sauvageD
J'ai vu du roi Murdoc'h la gigantesque imageD
Qui montait de la mer et qui la hache en mainN
Fauchait un ch ne d'o coulait le sang humainN
Oui tandis que tombant par ruisseaux dans l'ab meG
La s ve jaillissait rouge du tronc sublimeG
Et que le tra tre avec de furieux effortsC
D tachait coup sur coup les rameaux d j mortsC
Gwiddonn m'a dit du fond de la nue ternelleI
Pour le sixi me soir de la lune nouvelleI
Debout Uheld da Les temps sont r volusC
Vierge et le monde impur ne nous reverra plusC
Apr s que dans Mona v n rable aux Dieux m mesC
Auront mont les cris de mort et les blasph mesC
roi d'Armor Gwiddonn qui me parlais ainsiC
Esprit du ch ne ami des justes nous voiciC
Viennent l'heure fatale et Murdoc'h et le glaiveJ
Si le dieu triomphant des jours nouveaux se l veJ
Si l'onde Azewladour est pr s de se tarirF
Si le fer va trancher les bois s'il faut mourirF
Nous voici nous voici vierges pr tres et bardesC
R sign s au destin sacr que tu nous gardesC
Et plus fiers de tomber sans tache devant toiB
Que de survivre au jour de ta ruine RoiF
Salut vous tous fils de Math Vertus antiquesC
Du monde qui hantiez les for ts proph tiquesC
Les les de la mer et les pres sommetsC
Vivants ou morts les Purs sont vous pour jamaisC
Vivants ou morts nos yeux vous reverront Ma tresC
Car qui rompra la cha ne ternelle des tresC
Qui tranchera les nuds du Serpent toilI
Qui tarira l'ab me o la vie a coulI
Quand le G n rateur aux semences f condesC
Math fit tourbillonner la poussi re des mondesC
Et r chauffant le germe o dort l'humanitB
Dit Monte dans le temps et dans l'illimitB
Non Rien ne brisera l'encha nement des chosesC
Toujours de cieux en cieux dans la lumi re closesC
Les demeures de l' me immortelle luirontB
Et nuls Dieux ennemis ne les disperserontB
Chantez Bardes Voici l'outrage et l'agonieN
Chantez La mort contient l'esp rance infinieN
Voici la route ouverte et voici les degr sC
Par o nous monterons vers nos destins sacr sC
Tandis qu'Uheld da levant sa p le t teB
Tendait les bras au ciel o roulait la temp teB
L'Esprit du vent d'un coup de son aile brisantB
Des nocturnes vapeurs le couvercle pesantB
Fit clater le gouffre immortel mer de flammesC
D'o jaillissent sans cesse o retournent les mesC
O l'amoncellement des univers se jointB
l'amas des soleils qui ne commence pointB
Qui ne finit jamais o tout poursuit sa voieJ
O tout cl t bouillonne et grandit et tournoieN
S'efface dispara t revient et roule encorF
Dans les sph res d'azur et les ellipses d'orF
-
Et la lourde nu e en montagnes de brumeG
Croula vers l'Occident qu'un morne clair allumeG
La mer lasse d'efforts comme pour s'assoupirF
Changea sa clameur rude en un vaste soupirF
Et r primant l'assaut de ses houles plus lentesC
Tomba sans force au pied des roches ruisselantesC
L'horizon d gag de son pais fardeauB
S' largit reculant les longues lignes d'eauB
L' le sainte monta tranquille hors des ombresC
Le croissant de la lune argenta ses pics sombresC
Et l'innombrable essaim des Dieux s' vanouitB
Dans le rayonnement splendide de la nuitB
-
-
Au revers reluisant des avirons de fr neN
L' cume se suspend en frange et la car neN
Coupe l'eau qui fr mit tout le long de la nefJ
L cinquante guerriers sont debout pr s du chefJ
L'ardent d sir du meurtre largit leurs narinesC
Et gonfle les r seaux d'acier sur leurs poitrinesC
Le carquois de cuir brut au dos et l'arc en mainN
Portant au ceinturon le court glaive romainN
Tous quand la nef gravit la houle encore hauteB
Regardent les lueurs qui flambent la c teN
Sur la proue au long col de dragon rouge et noirF
Murdoc'h le Kambrien se dresse pour mieux voirF
Appuy des deux mains sur la massive p eN
L' paule des longs plis d'un manteau blanc drap eN
Un troit cercle d'or sur ses pais cheveuxC
Et de lourds bracelets ses poignets nerveuxC
Murdoc'h fl au des fils de Math tra tre sa raceC
Dans les bois sur la mer la poursuit la traceC
Et pr che par le fer en son aveuglementN
La loi du jeune Dieu qui fut doux et cl mentN
Car le sombre Barbare aux haines violentesC
Dans l'Eau vive n'a point lav ses mains sanglantesC
Son coeur n'a point chang sous la robe de linN
Mais il n'en bat que plus ardemment toujours pleinN
Des m mes passions qui le br laient nagu reF
Quand aux rocs de Kambrie ou sur sa nef de guerreF
Il s'enivrait du cri des glaives des sanglotsC
De mort des hurlements de l'orage et des flotsC
Maintenant l'insens dans sa fureur aust reF
Croit venger la Victime auguste et volontaireF
Qui jusques au tombeau priant et b nissantN
Ne versa que ses pleurs et que son propre sangO
Or la sinistre nef court au sommet des lamesC
Vers la plage fatale o luisent les neuf flammesC
Le vent et l'aviron d'un unanime effortN
La poussent sur le sable amoncel du bordN
Elle choue et voici qu'aux lueurs de la luneN
Le chef et les guerriers s'en vont de dune en duneN
-
-
-
-
Les harpes s'emplissaient d'un souffle harmonieuxC
Le choeur m le des voix s' pandait sous les cieuxC
Avec les mille chos du murmure nocturneN
Et la Vierge inclinant l'orifice de l'urneN
Baignait dans l'arche d'or le Gui qu'elle a tranchF
Sur l'arbre v n rable o Gwiddonn est cachF
Quand au fa te moussu d'une roche prochaineN
Murdoc'h parut debout dans son manteau de laineN
Et le Pers cuteur un instant regardaN
Cette foule immobile autour d'Uheld daN
Et de ce grand vieillard aux longs cheveux de neigeD
Assis sur le granit comme un roi sur son si geD
Mais ces chants sacr s cet auguste aspectN
Son coeur ne ressentit ni trouble ni respectN
Et dans un rire amer plein d'insulte et d'outrageD
Il poussa dans la nuit ce blasph me sauvageD
Silence adorateurs du Diable Par le sangO
De J sus le vrai fils du p re tout puissantN
Qu'on se taise Ou sinon Pa ens maudits su l'heureF
Vous grincerez des dents dans l'ombre ext rieureF
Je vous le dis Enfants ent t s de l'EnferF
Les oiseaux carnassiers mangeront votre chairF
Le Mauvais br lera vos mes dans son gouffreF
Sur des lits ruisselants de r sine et de soufreF
Vous vous tordrez rong s d'un feu toujours accruF
Aux rires des D mons en qui vous aurez cruF
Si vous ne renoncez votre erreur immondeN
Si vous ne confessez le R dempteur du mondeN
-
C'est ainsi que parla sur le fa te du rocP
Le Kambrien vengeur du Christ le roi Murdoc'hP
Et tous firent silence cette voix soudaineN
Inexorable cri de fureur et de haineN
Profanant la nuit sainte et les rites des DieuxC
Et le Tr s Sage alors dit sans lever les yeuxC
-
Pourquoi les Purs sont ils muets avant le termeG
Un songe a t il troubl leur coeur jadis si fermeG
Que leur harpe et leur chant se taisent tout coupN
Et qu'ils tremblent de peur au hurlement d'un loupQ
Comme un voleur de nuit l che et souill de fangeD
Si l'animal f roce a faim et soif qu'il mangeD
Car la p ture est pr te et boive en libertN
Mais qu'importe aux enfants de l'immortalitN
Quand le ciel resplendit et s'ouvre Que mes fr resC
D roulent le flot lent des hymnes fun rairesC
Et sans pr ter l'oreille aux vains bruits d'un momentN
Qu'ils songent rena tre imp rissablementN
-
D'une voix calme ayant dit cela le Tr s SageD
D'un pan de son manteau se couvrit le visageD
Et ceux qui saisissaient d'une robuste mainN
Les haches de granit et les glaives d'airainN
S'inclin rent autour du Vieillard proph tiqueP
Par qui parlent les Dieux de la patrie antiqueP
Soumis son g nie et certains qu' l'instantN
O vient la mort l'esprit monte au ciel clatantN
-
Hommes du Ch ne dit Uheld da la veilleI
Des neuf nuits un cri sourd a souill notre oreilleI
Mais ce n'est point un loup qui hurle ce n'est rienN
Par les Dieux fils de Math que l'abo ment d'un chienN
-
Meurs donc cria Murdoc'h meurs selon ton envieJ
Mourez tous Pa ens que le D mon convieJ
Vous qui du Seigneur Christ tes les meurtriersC
Car la vengeance a faim et soif moi guerriersC
-
Et les fl ches de cuivre pointe dentel eN
Siffl rent brusquement travers l'assembl eN
Et les harpes vibraient sonores et les voixC
Tranquilles vers le ciel r sonnaient la foisC
Et tous indiff rents aux atteintes mortellesC
Ne cessaient qu' l'instant o l' me ouvrait ses ailesC
Les arcs tintaient les traits s'enfon aient dans les flancsC
Sans tr ve h rissant les dos les seins sanglantsC
D chirant furieux la gorge des pr tressesC
Dont la torche fumante incendiait les tressesC
Et tout fut dit Quand l'aube en son berceau d'azurF
Dora les flots joyeux d'un regard frais et purF
L' le sainte baignait dans une vapeur douceC
Ses hauts rochers v tus de lichen et de mousseC
Et m lant son cri rauque au doux bruit de la merF
Un long vol de corbeaux tourbillonnait dans l'airF

Charles Marie Rene Leconte De Lisle



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