Sous les nappes d'azur de la mer d'Ionie
Qui soupire au matin sa chanson infinie,
Quand le premier rayon du ciel oriental
Étincelle en glissant sur l'onduleux cristal,
Puissions-nous contempler, ô chères Néréides,
Vos longs yeux d'émeraude et vos beaux corps fluides !

De vos grottes de nacre aux changeantes couleurs
Où le rose corail épanouit ses fleurs,
Des berceaux d'algue verte aimés des Dieux Tritones,
Des mobiles vallons parsemés d'anémones,
Des profondeurs où luit sur le sable vermeil
L'opaline clarté d'un magique soleil,
Montez ! Laissez flotter dans les brises charmées
Vos tresses, d'un arôme âpre et doux embaumées,
Et, mieux que le dauphin joyeux et diligent,
Fendez le flot natal d'un sillage d'argent !
Ô Filles de Thétis, gardez-nous des nuits noires,
Des écueils embusqués le long des promontoires,
Du Notos, tourmenteur de la divine Mer,
Par qui nefs et marins plongent au gouffre amer,
Et, propices toujours, que vos fraîches haleines
Jusqu'au port désiré gonflent nos voiles pleines.