Le Paradis Poem Rhyme Scheme and Analysis

Rhyme Scheme: ABACAAADAAAAEAAE ACCFAAAAAAAAAAAAEAEG HAHAAHEHAGAIAAAAIAAA AAAAA E AEAHAAHAAHAGJJA HHHH GAAA JAJA HHHA AAIA AHAH IAIA IIKKGEGAAAAHHKKG GHHGHHGIHHI HHHHHJHEHHHHHIHL GHHGHHHHHHHHHI MHHHJIJ

Des buissons lumineux fusaient comme des gerbesA
Mille insectes tels des prismes vibraient dans l'airB
Le vent jouait avec l'ombre des lilas clairsA
Sur le tissu des eaux et les nappes de l'herbeC
Un lion se couchait sous des branches en fleursA
Le daim flexible errait l bas pr s des panth resA
Et les paons d ployaient des faisceaux de lueursA
Parmi les phlox en feu et les lys de lumi reD
Dieu seul r gnait sur terre et seul r gnait aux cieuxA
Adam vivait captif en des cha nes divinesA
Eve coutait le chant menu des sources finesA
Le sourire du monde habitait ses beaux yeuxA
Un archange tranquille et pur veillait sur elleE
Et chaque soir quand se dardaient l haut les orsA
Pour que la nuit f t douce au repos de son corpsA
L'archange endormait Eve au creux de sa grande aileE
-
Avec de la ros e au vallon de ses seinsA
Eve se r veillait candidement dans l'aubeC
Et l'archange s chait aux clart s de sa robeC
Les longs cheveux dont Eve avait empli sa mainF
L'ombre se d liait de l' treinte des rosesA
Qui sommeillaient encore et s'inclinaient l basA
Et le couple montait vers les apoth osesA
Que le jardin sacr dressait devant ses pasA
Comme hier comme toujours les b tes famili resA
Avec le frais soleil dormaient sur les gazonsA
Les insectes brillaient la pointe des pierresA
Et les paons lumineux rouaient aux horizonsA
Les tigres clairs aupr s des fleurs simples et doucesA
Sans les blesser jamais posaient leurs mufles rouxA
Et les bonds des chevreuils dans l'herbe et sur la mousseA
S'entrem laient sous le regard des lions douxA
Rien n'avait d rang les splendeurs de la veilleE
C' tait le m me rythme unique et glorieuxA
Le m me ordre lucide et la m me merveilleE
Et la m me pr sence immuable de DieuG
-
II-
-
Pourtant apr s des ans et puis des ans un jourH
Eve sentit son me impatiente et lasseA
D' tre jamais la fleur sans s ve et sans amourH
D'un torride bonheur monotone et tenaceA
Aux cieux planait encor l'orageuse menaceA
Quand le d sir lui vint d'en prouver l' clairH
Un large et doux frisson glissa d s lors sur elleE
Et pour le ressentir jusqu'au fond de sa chairH
Eve contre son coeur serrait ses deux mains fr lesA
L'archange avec angoisse interrogeait la nuitG
Le brusque et violent r veil de la dormeuseA
Et les gestes pars de son trange ennuiI
Mais Eve demeurait close et silencieuseA
Il consultait en vain les fleurs et les oiseauxA
Qui vivaient avec elle au bord des sources nuesA
Et le miroir fid le et souterrain des eauxA
D'o peut tre sourdait sa pens e inconnueI
Un soir qu'il se penchait avec des doigts pieuxA
Doucement lentement pour lui fermer les yeuxA
Eve bondit soudain hors de son aile immenseA
Oh l'heureuse subite et f conde d menceA
Que l'ange avec son coeur trop pur ne comprit pasA
Elle tait loin qu'il lui tendait encor les brasA
Tandis qu'elle levait d j son corps sans voilesA
Eperdument l bas vers des brasiers d' toilesA
-
Adam la vit ainsi et tout son coeur tremblaE
-
Jadis quand au soir descendant ses coursesA
De marcheur solitaire erraient par lE
Joueuse il l'avait vue au bord des sourcesA
Vouloir en ses deux mains saisirH
Les bulles d'eau fugacesA
Que les sables du fond lan aient vers la surfaceA
Il l'avait vue encore ardente au seul plaisirH
De ployer vers le sol avec des doigts agilesA
Les brins d'herbe l gersA
Et d'y regarder luire et tout coup bougerH
Les insectes fragilesA
Eve n' tait alors qu'un bel enfant distraitG
Quand lui l'homme cherchait d j quel que autre vieJ
Non asservieJ
L bas au loin parmi les monts et les for tsA
-
Eve voulait aimer Adam voulait conna treH
Et de la voir ainsi vers l'ombre et la splendeurH
Tendue il devina soudain quel nouvel treH
Eve son tour sentait na tre et battre en son coeurH
-
Il s'approcha ardent et gauche avec la crainteG
D'effaroucher ces yeux dans leur songe perdusA
Des grappes de parfums tombaient des t r binthesA
Et le sol tait chaud de parfums r pandusA
-
Il h sitait et s'attardait quand la belle EveJ
Avec un geste fier s'empara de ses mainsA
Les baisa longuement lentement comme en r veJ
Et doucement glissa leur douceur sur ses seinsA
-
Jusqu'au fond de sa chair s' tendit leur br lureH
Sa bouche avait trouv la bouche o s'embraserH
Et ses doigts pandaient sa grande chevelureH
Sur la nombreuse ardeur de leurs premiers baisersA
-
Ils s' taient tous les deux couch s pr s des fontainesA
O comme seuls t moins ne luisaient que leurs yeuxA
Adam sentait sa force inconnue et soudaineI
Cro tre sous un moi brusque et d licieuxA
-
Le corps d'Eve cachait de profondes retraitesA
Douces comme la mousse au vent ti de du jourH
Et les gazons foul s et les gerbes d faitesA
Se laissaient craser sous leur mouvant amourH
-
Et quand le spasme enfin sauta de leur poitrineI
Et les retint broy s entre leurs bras raidisA
Toute la grande nuit amoureuse et f lineI
Fit plus douce sa brise au coeur du paradisA
-
SoudainI
Un nuage d'abord lointainI
Mais dont se d cha nait le tournoyant vertigeK
Au point de n' tre plus que terreur et prodigeK
Bondit de l'horizon au travers de la nuitG
Adam releva Eve et serra contre luiE
Le p le et doux effroi de sa chair frissonnanteG
Le nuage approchait livide et sulfureuxA
Il tait d bordant de menaces tonnantesA
Et tout coup au ras du sol devant leurs yeuxA
A l'endroit m me o les herbes sauvagesA
Etaient chaudes encorH
D'avoir t la couche o s'aim rent leurs corpsH
Toute la rageK
Du formidable et t n breux nuageK
MorditG
-
Et dans l'ombre la voix du Seigneur s'entenditG
Des feux sortaient des fleurs et des buissons nocturnesH
Au d tour des sentiers profonds et taciturnesH
L' p e entre leurs mains les anges flamboyaientG
On entendait rugir des lions vers les astresH
Des cris d'aigle h laient la mort et ses d sastresH
Tous les palmiers g ants au bord des lacs ployaientG
Sous le m me vent dur de col re et de haineI
Qui s'acharnait sur Eve et sur Adam l basH
Et dans l'immense nuit pr cipitait leurs pasH
Vers les mondes nouveaux de la ferveur humaineI
-
L'ordre divin et primitif n'existait plusH
Tout un autre univers se d gageait de l'ombreH
O des rythmes nouveaux encore irr solusH
Entrem laient leur force et leurs ondes sans nombreH
Vous les sentiez courir en vous grands bois vermeilsH
Tumultueux de vent ou calmes de ros eJ
Et toi montagne et vous neiges cristallis esH
L haut en des palais de gel et de soleilE
Et toi sol bienveillant aux fruits aux fleurs aux grainesH
Et toi clart chantante et douce des fontainesH
Et vous min raux froids subtils et t n breuxH
Et vous astres m l s au tournoiement des cieuxH
Et toi fleuve jet aux flots oc aniquesH
Et toi le temps et vous l'espace et l'infiniI
Et vous enfin cerveaux d'Eve et d'Adam unisH
Pour la vie innombrable et pour la mort uniqueL
-
L'homme sentit bient t comme un multiple aimantG
Solliciter sa force et la m ler aux chosesH
Il devinait les buts il soup onnait les causesH
Et les mots s'exaltaient sur ses l vres d'amantG
Soir coeur na f sans le vouloir aima la terreH
Et l'eau ob issante et l'arbre autoritaireH
Et les feux jaillissants des cailloux fracass sH
Les fruits tentaient sa bouche avec leurs ors placidesH
Et les raisins broy s des grappes translucidesH
Illuminaient sa soif avant de l'apaiserH
Et la chasse et la lutte et les b tes hurlantesH
Eveill rent l'adresse endormie en ses mainsH
Et l'orgueil le dota de forces violentesH
Pour que lui m me un jour b t t seul son destinI
-
Et la femme plus belle encor depuis que l'hommeM
Avait mu sa chair du frisson merveilleuxH
Vivait dans les bois d'or baign s d'aube et d'aromesH
Avec tout l'avenir dans les pleurs de ses yeuxH
C'est en elle que s' veilla la premi re meJ
Faite de force douce et de trouble inconnuI
A l'heure o tout son coeur se r pandait en fJ

Emile Verhaeren



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