Le Départ Poem Rhyme Scheme and Analysis

Rhyme Scheme: ABCDE FBC DBGDHG BF FFHB BBFFI GGHEEB GBGBBH BBHB BBHBBH FJFJBBBF BBBHBBBHBBBBBBHH BF BBKKBBBBBB BBBBKLBBB BB BBBBHMMBB BHHHBBBBBBBHF BBGBBGGG

Tra nant leurs pas apr s leurs pasA
Le front pesant et le coeur lasB
S'en vont le soir par la grand'routeC
Les gens d'ici buveurs de pluieD
L cheurs de vent fumeurs de brumeE
-
Les gens d'ici n'ont rien de rienF
Rien devant euxB
Que l'infini de la grand'routeC
-
Chacun porte au bout d'une gauleD
Dans un mouchoir carreaux bleusB
Chacun porte dans un mouchoirG
Changeant de main changeant d' pauleD
Chacun porteH
Le linge us de son espoirG
-
Les gens s'en vont les gens d'iciB
Par la grand'route l'infiniF
-
L'auberge est l pr s du bois nuF
L'auberge est l de l'inconnuF
Sur ses dalles les rats trimballentH
Et les sourisB
-
L'auberge au coin des bois moisisB
Grelotte avec ses murs mang sB
Avec son toit comme une teigneF
Avec le bras de son enseigneF
Qui tend au vent un os rongI
-
Les gens d'ici sont gens de peurG
Ils font des croix sur leur malheurG
Et tremblentH
Les gens d'ici ont dans leur meE
Deux tisons noirs mais point de flammeE
Deux tisons noirs en croixB
-
Les gens d'ici sont gens de peurG
Et leurs autels n'ont plus de ciergesB
Et leur encens n'a plus d'odeurG
Seules en des niches d sertesB
Quelques roses tombent inertesB
Autour d'un Christ en pl tre peintH
-
Les gens d'ici ont peur de l'ombre sur leurs champsB
De la lune sur leurs tangsB
D'un oiseau mort contre une porteH
Les gens d'ici ont peur des gensB
-
Les gens d'ici sont malhabilesB
La t te lente et les cerveaux d bilesB
Quoique tann s d'ent tementH
Ils sont ladres ils sont minimesB
Et s'ils comptent c'est par centimesB
P niblement leur d nuementH
-
Avec leur chat avec leur chienF
Avec l'oiseau dans une cageJ
Avec pour vivre un seul moyenF
Boire son mal taire sa rageJ
Les pieds us s le coeur moisiB
Les gens d'iciB
Quittant leur g te et leur paysB
S'en vont ce soir vers l'infiniF
-
Les m res tra nent leurs jupesB
Leur trousseau long d'enfants b lantsB
Trinqueball s trinqueballantsB
Les yeux clignants des vieux s'occupentH
A refixer une derni re foisB
Leur coin de terre morne et griseB
O mord l'averse o mord la biseB
O mord le froidH
Suivent les gars des bordesB
Les bras maigres comme des cordesB
Sans plus d'orgueil sans m me plusB
Le moindre lan vers les temps r volusB
Et le bonheur des autrefoisB
Sans plus la force en leurs dix doigtsB
De se serrer en poings contre le sortH
Et la col re de la mortH
-
Les gens des champs les gens d'iciB
Ont du malheur l'infiniF
-
Leurs brouettes et leurs charrettesB
Trinqueballent aussiB
Cassant depuis le jour levK
Les os pointus du vieux pavK
Quelques unes plus gr les que squelettesB
Entrechoquent des amulettesB
A leurs brancardsB
D'autres grincent les ais criardsB
Comme les seaux dans les citernesB
D'autres portent de vieillottes lanternesB
-
Les chevaux lasB
Secouent chaque pasB
Le vieux lattis de leur carcasseB
Le conducteur s'agite et se tracasseB
Comme quelqu'un qui serait fouK
Lan ant parfois vers n'importe oL
Dans les espacesB
Une pierre lasseB
Aux corbeaux noirs du sort qui passeB
-
Les gens d'iciB
Ont du malheur et sont soumisB
-
Et les troupeaux r ches et maigresB
Par les chemins r p s et par les sablons aigresB
Egalement sont les chass sB
Aux coups de fouet in puis sB
Des famines qui exterminentH
Moutons dont la fatigue tout caillou ricocheM
Boeufs qui meuglent vers la mort procheM
Vaches lentes et lourdesB
Aux pis vides comme des gourdesB
-
Ainsi s'en vont b tes et gens d'iciB
Par le chemin de rondeH
Qui fait dans la d tresse et dans la nuitH
Immens ment le tour du mondeH
Venant dites de quels lointainsB
Par travers les vieux destinsB
Passant les bourgs et les bruy resB
Avec pour seul repos l'herbe des cimeti resB
Allant roulant faisant des noeudsB
De chemins noirs et tortueuxB
Hiver automne t printempsB
Toujours lass s toujours partantH
De l'infini pour l'infiniF
-
Tandis qu'au loin l basB
Sous les cieux lourds fuligineux et grasB
Avec son front comme un ThaborG
Avec ses su oirs noirs et ses rouges haleinesB
Hallucinant et attirant les gens des plainesB
C'est la ville que la nuit formidable claireG
La ville en pl tre en stuc en bois en fer en orG
TentaculaireG

Emile Verhaeren



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