L'arbre Poem Rhyme Scheme and Analysis

Rhyme Scheme: ABCDDE EEEEAEEEFEE EEEEEEGBHEEGB BEEGEEDD EBEBAAGGEBGGIIE IEIEEAEEBEBDABAB AEAEGGE EGGEE GGGEJ

Tout seulA
Que le berce l' t que l'agite l'hiverB
Que son tronc soit givr ou son branchage vertC
Toujours au long des jours de tendresse ou de haineD
Il impose sa vie norme et souveraineD
Aux plainesE
-
Il voit les m mes champs depuis cent et cent ansE
Et les m mes labours et les m mes semaillesE
Les yeux aujourd'hui morts les yeuxE
Des a eules et des a euxE
Ont regard maille apr s mailleA
Se nouer son corce et ses rudes rameauxE
Il pr sidait tranquille et fort leurs travauxE
Son pied velu leur m nageait un lit de mousseE
Il abritait leur sieste l'heure de midiF
Et son ombre fut douceE
A ceux de leurs enfants qui s'aim rent jadisE
-
D s le matin dans les villagesE
D'apr s qu'il chante ou pleure on augure du tempsE
Il est dans le secret des violents nuagesE
Et du soleil qui boude aux horizons latentsE
Il est tout le pass debout sur les champs tristesE
Mais quels que soient les souvenirsE
Qui dans son bois persistentG
D s que janvier vient de finirB
Et que la s ve en son vieux tronc s' pancheH
Avec tous ses bourgeons avec toutes ses branchesE
L vres folles et bras tordusE
Il jette un cri immens ment tenduG
Vers l'avenirB
-
Alors avec des rais de pluie et de lumi reB
Il fr le les bourgeons de ses feuilles premi resE
Il contracte ses noeuds il lisse ses rameauxE
Il assaille le ciel d'un front toujours plus hautG
Il projette si loin ses poreuses racinesE
Qu'il puise la mare et les terres voisinesE
Et que parfois il s'arr te comme tonnD
De son travail muet profond et acharnD
-
Mais pour s' panouir et r gner dans sa forceE
les luttes qu'il lui fallut subir l'hiverB
Glaives du vent travers son corceE
Cris d'ouragan rages de l'airB
Givres pareils quelque pre limailleA
Toute la haine et toute la batailleA
Et les gr les de l'Est et les neiges du NordG
Et le gel morne et blanc dont la dent mordG
jusqu' l'aubier l'ample cheveau des fibresE
Tout lui fut mal qui tord douleur qui vibreB
Sans que jamais pourtantG
Un seul instantG
Se ralent t son nergieI
A fermement vouloir que sa vie largieI
F t plus belle chaque printempsE
-
En octobre quand l'or triomphe en son feuillageI
Mes pas larges encore quoique lourds et lass sE
Souvent ont dirig leur long p lerinageI
Vers cet arbre d'automne et de vent traversE
Comme un g ant brasier de feuilles et de flammesE
Il se dressait superbement sous le ciel bleuA
Il semblait habit par un million d' mesE
Qui doucement chantaient en son branchage creuxE
J'allais vers lui les yeux emplis par la lumi reB
Je le touchais avec mes doigts avec mes mainsE
Je le sentais bouger jusqu'au fond de la terreB
D'apr s un mouvement norme et surhumainD
Et J'appuyais sur lui ma poitrine brutaleA
Avec un tel amour une telle ferveurB
Que son rythme profond et sa force totaleA
Passaient en moi et p n traient jusqu' mon coeurB
-
Alors j' tais m l sa belle vie ampleA
Je me sentais puissant comme un de ses rameauxE
Il se plantait dans la splendeur comme un exempleA
J'aimais plus ardemment le sol les bois les eauxE
La plaine immense et nue o les nuages passentG
J' tais arm de fermet contre le sortG
Mes bras auraient voulu tenir en eux l'espaceE
-
Mes muscles et mes nerfs rendaient l ger mon corpsE
Et je criais ' La force est sainteG
Il faut que l'homme imprime son empreinteG
Tranquillement sur ses desseins hardisE
Elle est celle qui tient les clefs des paradisE
Et dont le large poing en fait tourner les portes '-
Et je baisais le tronc noueux perdumentG
Et quand le soir se d tachait du firmamentG
je me perdais dans la campagne morteG
Marchant droit devant moi vers n'importe oE
Avec des cris jaillis du fond de mon coeur fouJ

Emile Verhaeren



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