Les Raisons Du Saint-père Poem Rhyme Scheme and Analysis

Rhyme Scheme: ABAC DEDE FGFG HIHI IJIJ EIEI KJKJ JIJI JIJI JIJA IGIG IGIE IIII IHIH JHJH IJIH KKKA JIJI IJIJ KAKA JEJG JHJH JAJA IJIJ LILI EGEG GIGI IIII JEJE HGHG

La nuit enveloppait les sept Monts et la PlaineA
Dans l'oratoire clos le Pape Innocent troisB
Mains jointes m ditait v tu de blanche laineA
Ou se d tachait l'or pectoral de la CroixC
-
Du d me surbaiss seule une lampe antiqueD
Argile suspendue au gr le pendentifE
clairait et l le retrait asc tiqueD
Et le visage osseux du Saint P re pensifE
-
Or tandis qu'il songeait paupi res mi ferm esF
Sous les rudes sourcils fronc s s v rementG
De splendides lueurs et de myrrhe embaum esF
Emplirent l'oratoire en un m me momentG
-
Laissant pendre plis droits sa robe orientaleH
Un spectre douloureux bl me aux longs cheveux rouxI
En face du grand Moine immobile en sa stalleH
Se dressa mains et pieds nus et perc s de trousI
-
Comme un bandeau royal l' pais r seau d' pinesI
D'o les gouttes d'un sang noir ruisselaient encorJ
Se tordait tout autour de ses tempes divinesI
Sous les reflets pars de l'aur ole d'orJ
-
Et ce spectre debout dans sa majest graveE
H te surnaturel toujours silencieuxI
Sur l' lu des Romains et du sacr ConclaveE
panchait la tristesse auguste de ses yeuxI
-
Mais le Pape devant ce fant me sublimeK
Baign d'un air subtil fait d'aurore et d'azurJ
Sans terreur ni respect de la sainte VictimeK
Lui dit la contemplant d'un regard froid et durJ
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Est ce toi R dempteur de la Chute premi reJ
Que nous veux tu Pourquoi redescendre ici basI
Hors de ton Paradis de paix et de lumi reJ
Dans l'Occident troubl que tu ne connais pasI
-
N'aurais tu d laiss l' ternelle DemeureJ
Que pour bl mer notre oeuvre et barrer nos cheminsI
Et pour nous arracher brusquement avant l'heureJ
Le pardon de la bouche et le glaive des mainsI
-
Ne noua as tu pas dit Martyr expiatoireJ
Allez dispersez vous parmi les nationsI
Liez et d liez et forcez les de croireJ
Et paissez le troupeau des g n rationA
-
Les mes te sachant trop haut et trop loin d'ellesI
Erraient tous les vents sans guide et sans vertuG
La faute n'en est pas nous tes seuls fid lesI
Ce qui dut arriver Ma tre l'ignorais tuG
-
La Barque du P cheur sous le fouet des temp tesI
Et pr s de s'engloutir n'esp rant plus en toiG
Et l'aveugle H r sie hydre au millier de t tesI
D chirant l'Unit naissante de la FoiE
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Et sans cesse pendant plus de trois cents ann esI
Le torrent d bord des peuples furieuxI
Se ruant s' croulant par masses forcen esI
Du noir Septentrion d'o les chassaient leurs DieuxI
-
Fallait il donc soumis aux promesses derni resI
D'un retour triomphal toujours inaccompliH
Tendre le col au joug et le dos aux lani resI
Ramper dans notre fange et finir dans l'oubliH
-
Souviens toi de Celui qui de son aile sombreJ
T'emporta sur le Mont de l' preuve et parlaH
Disant Nazar en Vois ces races sans nombreJ
Si tu veux m'adorer je te donne celaH
-
Je suis l'Esprit vengeur qui rompt les vieilles cha nesI
Le Lutteur immortel vainement foudroyJ
Qui sous la lourd fardeau des douleurs et des hainesI
Ne s'arr te jamais et n'a jamais ployH
-
Fils de l'homme Je fais libre et puissant qui m'aimeK
R ponds Veux tu l'Empire et r gner en mon nomK
Sachant tout invincible et grand comme moi m meK
O R dempteur et Toi tu lui r pondis NonA
-
Pourquoi refusais tu dans ton orgueil aust reJ
De soustraire le monde aux sinistres hasardsI
Pour fonder la Justice ternelle sur terreJ
Que ne rev tais tu la pourpre des C sarsI
-
Non tu voulus tarir le fiel de ton caliceI
Et voici que clou sous le ciel vide et noirJ
Trahi sanglant du haut de l'inf me suppliceI
Ton dernier soupir fut un cri de d sespoirJ
-
Car tu doutas J sus de ton oeuvre sacr eK
Et l'homme p rissable et son martyre vainA
G mirent la fois dans ta chair d chir eK
Quand la mort balaya le mirage divinA
-
Mais nous tes h ritiers tenaces sans Rel cheJ
De si cle en si cle par la parole et le feuE
Rusant avec le fort terrifiant le l cheJ
Du fils du Charpentier nous avons fait un DieuG
-
Au pied de ton gibet le stupide BarbareJ
prostern par nous son front humiliH
Le denier du plus pauvre et l'or du plus avareJ
Ont dress ton autel partout multipliH
-
Comme un vent orageux chasse au loin la poussi reJ
Pour d livrer la Tombe o tu n'as laiss rienA
Nous avons d cha n la horde carnassi reJ
Des peuples et des rois sur l'Orient pa enA
-
Vois La nuit se dissipe nos b chers en flammesI
La mauvaise moisson g t au tranchant du ferJ
Et m lant l'esp rance la terreur des mesI
Nous leur montrons le Ciel en allumant l'EnferJ
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Et tu nous appartiens J sus Et d' ge en geL
Sur la terre conquise largissant nos brasI
Dans l'anath me et dans les clameurs du carnageL
Quand nos voix s'entendront c'est Toi qui parlerasI
-
Christ Et c'est ainsi que r formant ton r veE
Connaissant mieux que toi la vile humanitG
Nous avons pris la pourpre et les Clefs et le GlaiveE
Et nous t'avons donn le monde pouvantG
-
Mais arriv s d'hier ce glorieux faiteG
Il reste supprimer l'h r tique perversI
Ne viens donc pas troubler l'oeuvre bient t parfaiteG
Et rompre le filet jet sur l'universI
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Dans le sang de l'impie au bruit des saints cantiquesI
Laisse agir notre Foi ne nous interromps plusI
Retourne et r gne en paix dans les hauts cieux mystiquesI
Jusqu' l' puisement des si cles r volusI
-
Car aussi bien un jour dussions nous dispara treJ
Submerg s par les flots d'un monde soulevE
Gr ce nous pour jamais tu resteras Ma treJ
Un Dieu le dernier Dieu que l'homme aura r vE
-
Le Saint P re se tut prit sa croix pectoraleH
Qu'il baisa par trois fois avec recueillementG
Et se signa du pouce Et l'Image spectraleH
De ce qui fut le Christ s'effa a lentementG

Charles Marie Rene Leconte De Lisle



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