J'ai vécu, je suis mort. - Les yeux ouverts, je coule
Dans l'incommensurable abîme, sans rien voir,
Lent comme une agonie et lourd comme une foule.
Inerte, blême, au fond d'un lugubre entonnoir
Je descends d'heure en heure et d'année en année,
À travers le Muet, l'Immobile, le Noir.
Je songe, et ne sens plus. L'épreuve est terminée.
Qu'est-ce donc que la vie ? Étais-je jeune ou vieux ?
Soleil ! Amour ! - Rien, rien. Va, chair abandonnée !
Tournoie, enfonce, va ! Le vide est dans tes yeux,
Et l'oubli s'épaissit et t'absorbe à mesure.
Si je rêvais ! Non, non, je suis bien mort. Tant mieux.
Mais ce spectre, ce cri, cette horrible blessure ?
Cela dut m'arriver en des temps très anciens.
Ô nuit ! Nuit du néant, prends-moi ! - La chose est sûre :
Quelqu'un m'a dévoré le coeur. Je me souviens.
Le Dernier Souvenir
Charles Marie Rene Leconte De Lisle
(1)
Poem topics: chair, horrible, Print This Poem , Rhyme Scheme
Submit Spanish Translation
Submit German Translation
Submit French Translation
Write your comment about Le Dernier Souvenir poem by Charles Marie Rene Leconte De Lisle
Best Poems of Charles Marie Rene Leconte De Lisle