Le Musicien De Saint-merry Poem Rhyme Scheme and Analysis

Rhyme Scheme: ABBBAACDACACABABEFAC BGHICAAACCIAAIAACABI CCAACCACIICAJIBBAAAB BAIAKBBABAAIABBAKABA BIAABBBBBBBBAAAABIAI BB

J'ai enfin le droit de saluer des tres que je ne connais pasA
Ils passent devant moi et s'accumulent au loinB
Tandis que tout ce que j'en vois m'est inconnuB
Et leur espoir n'est pas moins fort que le mienB
Je ne chante pas ce monde ni les autres astresA
Je chante toutes les possibilit s de moi m me hors de ce monde et des astresA
Je chante le joie d'errer et le plaisir d'en mourirC
Le du mois de maiD
Passeur des morts et les mordonnantes m riennesA
Des millions de mouches ventaient une splendeurC
Quand un homme sans yeux sans nez et sans oreillesA
Quittant le S basto entra dans la rue Aubry le BoucherC
Jeune l'homme tait brun et de couleur de fraise sur les jouesA
Homme Ah ArianeB
Il jouait de la fl te et la musique dirigeait ses pasA
Il s'arr ta au coin de la rue Saint MartinB
Jouant l'air que je chante et que j'ai inventE
Les femmes qui passaient s'arr taient pr s de luiF
Il en venait de toutes partsA
Lorsque tout coup les cloches de Saint Merry se mirent sonnerC
Le musicien cessa de jouer et but la fontaineB
Qui se trouve au coin de la rue Simon Le FrancG
Puis saint Merry se tutH
L'inconnu reprit son air de fl teI
Et revenant sur ses pas marcha jusqu' la rue de la VerrerieC
O il entra suivi par la troupe des femmesA
Qui sortaient des maisonsA
Qui venaient par les rues traversi res les yeux fousA
Les mains tendues vers le m lodieux ravisseurC
Il s'en allait indiff rent jouant son airC
Il s'en allait terriblementI
Puis ailleursA
quelle heure un train partira t il pour ParisA
ce momentI
Les pigeons des Moluques fientaient des noix muscadesA
En m me tempsA
Mission catholique de B ma qu'as tu fait du sculpteurC
AilleursA
Elle traverse un pont qui relie Bonn Beuel et disparait travers P tzchenB
Au m me instantI
Une jeune fille amoureuse du maireC
Dans un autre quartierC
Rivalise donc po te avec les tiquettes des parfumeursA
En somme rieurs vous n'avez pas tir grand chose des hommesA
Et peine avez vous extrait un peu de graisse de leur mis reC
Mais nous qui mourons de vivre loin l'un de l'autreC
Tendons nos bras et sur ces rails roule un long train de marchandisesA
Tu pleurais assise pr s de moi au fond d'un fiacreC
Et maintenantI
Tu me ressembles tu me ressembles malheureusementI
Nous nous ressemblons comme dans l'architecture du si cle dernierC
Ces hautes chemin es pareilles des toursA
Nous allons plus haut maintenant et ne touchons plus le solJ
Et tandis que le monde vivait et variaitI
Le cort ge des femmes long comme un jour sans painB
Suivait dans la rue de la Verrerie l'heureux musicienB
Cort ges cort gesA
C'est quand jadis le roi s'en allait VincennesA
Quand les ambassadeurs arrivaient ParisA
Quand le maigre Suger se h tait vers la SeineB
Quand l' meute mourait autour de Saint MerryB
Cort ges cort gesA
Les femmes d bordaient tant leur nombres tait grandI
Dans toutes les rues avoisinantesA
Et se h taient raides comme balleK
Afin de suivre le musicienB
Ah Ariane et toi P quette et toi AmineB
Et toi Mia et toi Simone et toi MaviseA
Et toi Colette et toi la belle Genevi veB
Elles ont pass tremblantes et vainesA
Et leurs pas l gers et prestes se mouvaient selon la cadenceA
De la musique pastorale qui guidaitI
Leurs oreilles avidesA
L'inconnu s'arr ta un moment devant une maison vendreB
Maison abandonn eB
Aux vitres bris esA
C'est un logis du seizi me si cleK
La cour sert de remise des voitures de livraisonsA
C'est l qu'entra le musicienB
Sa musique qui s' loignait devint langoureuseA
Les femmes le suivirent dans la maison abandonn eB
Et toutes y entr rent confondues en bandeI
Toutes toutes y entr rent sans regarder derri re ellesA
Sans regretter ce qu'elles ont laissA
Ce qu'elles ont abandonnB
Sans regretter le jour la vie et la m moireB
Il ne resta bient t plus personne dans la rue de la VerrerieB
Sinon moi m me et un pr tre de saint MerryB
Nous entr mes dans la vieille maisonB
Mais nous n'y trouv mes personneB
Voici le soirB
Saint Merry c'est l'Ang lus qui sonneB
Cort ges cort gesA
C'est quand jadis le roi revenait de VincennesA
Il vint une troupe de casquettiersA
Il vint des marchands de bananesA
Il vint des soldats de la garde r publicaineB
O nuitI
Troupeau de regards langoureux des femmesA
O nuitI
Toi ma douleur et mon attente vaineB
J'entends mourir le son d'une fl te lointaineB

Guillaume Apollinaire



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