Fishermen [french] (pêcheurs)

Trois ans : aux lacs, à la pêche,
L'enfant dort, bordé dans son couffin sur un replat,
Protégé des fourmis, de l'hameçon sous les arêtes,
S'agite quand ça mord, et que feule le moulinet
Dévidant mes cris, finit par s'extirper
Malhabile sur ses quatre fers,
Clignant avec le feuillage sous la brise.
Une fois réveillé, un bâton en guise d'écope,
Il pêche les perches qui se débattent,
S'en fatigue, donne l'estocade d'un caoutchouc argenté
Aux nageoires qui tirent notre ligne à hue et à dia,
Ou, de son pistolet de plastique, douche les vairons qui frétillent
Comme lui dans le poncho sous mon bras quand il pleut.

Dix années l'ont mis sur tige, aminci, endurci.
Il lance maintenant au loin dans les sillons bleus ;
Agile sur les rochers, le moulinet sur la cuisse,
Il fait corps avec la manivelle, il crie
Et ferre en homme, heureux de jouer à fatiguer
La perche argentée, à redonner du fil.

Prenant aujourd'hui ses distances, il brave les pluies,
Se glisse sous l'arête des sapins, disparaît
Vers des pêches impossibles ; je n'ai plus qu'à
Y aller ou pas : prendre couverture, couteau et fusil,
Ou un pêcheur en patience.

James A. Emanuel The copyright of the poems published here are belong to their poets. Internetpoem.com is a non-profit poetry portal. All information in here has been published only for educational and informational purposes.