La Grande Chartreuse

J'ai vu, tels que des morts réveillés par le glas,
Les moines, lampe en main, se ranger en silence,
Puis pousser, comme un vol de corbeaux qui s'élance,
Leurs noirs miserere qui plaisent au coeur las.

Le néant dans le cloître a sonné sous mes pas ;
J'ai connu la cellule, où le calme commence,
D'où le monde nous semble une mêlée immense
Dont le vain dénoà»ment ne nous regarde pas.

La blancheur des grands murs m'a hanté comme un rêve ;
J'ai senti dans ma vie une ineffable trêve :
L'avant-goà»t du sépulcre a réjoui mes os.

Mais, adieu ! Le soldat court où le canon gronde :
Je retourne où j'entends la bataille du monde,
Sans pitié pour mon coeur affamé de repos.

Rene Francois Armand Prudhomme The copyright of the poems published here are belong to their poets. Internetpoem.com is a non-profit poetry portal. All information in here has been published only for educational and informational purposes.