La Nef Qui Longuement A Voyagé, Dillier

La nef qui longuement a voyagé, Dillier,
Dedans le sein du port à  la fin on la serre :
Et le boeuf, qui longtemps a renversé la terre,
Le bouvier à  la fin lui à´te le collier :

Le vieux cheval se voit à  la fin délier,
Pour ne perdre l'haleine ou quelque honte acquerre :
Et pour se reposer du travail de la guerre,
Se retire à  la fin le vieillard chevalier :

Mais moi, qui jusqu'ici n'ai prouvé que la peine,
La peine et le malheur d'une espérance vaine,
La douleur, le souci, les regrets, les ennuis,

Je vieillis peu à  peu sur l'onde ausonienne,
Et si n'espère point, quelque bien qui m'advienne,
De sortir jamais hors des travaux où je suis.

Joachim Du Bellay The copyright of the poems published here are belong to their poets. Internetpoem.com is a non-profit poetry portal. All information in here has been published only for educational and informational purposes.