Ce N'est Le Fleuve Tusque Au Superbe Rivage,

Ce n'est le fleuve tusque au superbe rivage,
Ce n'est l'air des Latins, ni le mont Palatin,
Qui ores, mon Ronsard, me fait parler latin,
Changeant à  l'étranger mon naturel langage.

C'est l'ennui de me voir trois ans et davantage,
Ainsi qu'un Prométhée, cloué sur l'Aventin,
Où l'espoir misérable et mon cruel destin,
Non le joug amoureux, me détient en servage.

Eh quoi, Ronsard, eh quoi, si au bord étranger
Ovide osa sa langue en barbare changer
Afin d'être entendu, qui me pourra reprendre

D'un change plus heureux ? nul, puisque le franà§ais,
Quoiqu'au grec et romain égalé tu te sois,
Au rivage latin ne se peut faire entendre.

Joachim Du Bellay The copyright of the poems published here are belong to their poets. Internetpoem.com is a non-profit poetry portal. All information in here has been published only for educational and informational purposes.